Comme certains livres qui m'ont marqués, j'ai inévitablement connu Tous les matins du monde en même temps que tous les autres Bac °L il y a deux ans. C'est plutôt étrange d'étudier l'œuvre, dans une matière qui veut décortiquer et analyser les qualités littéraires d'un texte, car, loin d'être médiocre il n'y a pas grand-chose à voir ou à connaître. Mais à lire et à ressentir, oui.
Quignard mise essentiellement sur le fond, ce qui le rend très facile et rapide à lire, trop même. Les actions sont réduites à leur plus simple expression (" Ils se touchèrent. Ils s'embrassèrent. ", quelle belle scène d'amour) et les phrases de plus de quinze mots et deux virgules sont sûrement très rares. Ce qui en résulte, c'est ce sentiment étrange que la beauté et la poésie de l'œuvre touchent notre sensibilité, sans qu'on ne sache pourquoi, puisqu'aucune richesse littéraire ne permettent de les amener logiquement.
Si j'aime bien Orwell parce que le manque de forme est également compensé par un intérêt politique, Quignard est un autre expérience, qui s'essaye à une écriture symboliste. Mais si la lecture du livre est un bol d'air frais et de poésie épurée, le film est bien plus intéressant en terme de forme, de mise en scène, de personnages et surtout, de symboles.
Merci à Monsieur P., mon professeur de littérature, mon Ste Colombe incarné.