Pour le coup le titre est parfait. Tout est en effet brisé dans la vie d’Erica : elle vit seule à Brooklyn et a du mal à joindre les deux bouts depuis la mort de son mari, sa mère ne s’est pas remise d’une fracture du col du fémur après une mauvaise chute, son père à l’agonie la tyrannise au point de l’obliger à le sortir de l’hôpital pour le ramener chez elle alors qu’il n’est pas capable de descendre de son lit sans s’écrouler et son fils homosexuel, dont elle n’avait plus de nouvelles, revient à la maison avec sa dépression et son alcoolisme en guise de bagages. Rien que ça. Ah non, j’oubliais, il y a aussi sa sœur, qui pourrait lui donner un coup de main si elle n’était pas elle-même au chevet de son homme malade. Bref, l’horizon d’Erica est bouché. Et sa barque bien trop chargée à mon goût, dans le genre mélo, difficile de faire pire.


Après, j’ai apprécié le fait qu’elle affronte les embûches avec force et fragilité, sans se plaindre ni s’apitoyer sur son sort. J’ai aimé l’écriture beaucoup plus descriptive que psychologique s’attardant davantage sur les faits que sur les pensées des uns et des autres. Le fils, enfermé dans une spirale autodestructrice, est une vraie tête à claque et le papy invivable donne juste envie de l’étouffer avec son oreiller pour avoir la paix mais les deux sont croqués avec réalisme.


Le problème c’est que tout est sombre et désespéré, il m’a vraiment manqué quelques rayons de lumière dans l’obscurité pour apprécier ma lecture et ne pas refermer le roman avec l’envie de me noyer sous les antidépresseurs. Il y a bien le personnage de Frank, sorti de nulle part avec son optimisme à toute épreuve qui aurait pu ensoleiller ce triste tableau, mais je me suis demandé ce qu’il venait faire dans cette galère et je n’ai pas compris à quoi il servait dans la mécanique du récit.


Conclusion ? William Boyle sait créer une ambiance pesante et mélancolique, son écriture m’a plu, comme sa maîtrise des dialogues, mais pour le reste j’ai moyennement apprécié cette histoire déprimante aux traits mélodramatiques bien trop forcés et manquant de nuances.

jerome60
6
Écrit par

Créée

le 4 nov. 2017

Critique lue 213 fois

1 j'aime

jerome60

Écrit par

Critique lue 213 fois

1

D'autres avis sur Tout est brisé

Tout est brisé
Gwen21
7

Critique de Tout est brisé par Gwen21

William Boyle est un auteur honnête : il annonce la couleur dès le titre. Comment résumer "Tout est brisé" en 3 mots ? Trouvé ! Tout est brisé. Pas plus compliqué.Plus sérieusement, "Tout est brisé"...

le 10 déc. 2022

Tout est brisé
Anaïs_Alexandre
9

Critique de Tout est brisé par Anaïs Alexandre

Erica vit seule dans sa maison de Brooklyn avec son père malade et acariâtre. Son mari et sa mère sont décédés. Sa sœur ne l’aide pas et son fils Jimmy ne donne plus de nouvelle. Mais un jour, Jimmy...

le 30 mai 2019

Tout est brisé
Hillja
5

Famille en cendres

Roman sombre, aux personnages principaux misérables, dont la seule source de lumière, d'espoir, est la figure passagère d'un homme non mentionné dans le résumé, Frank, inopinément tombé du ciel et...

le 9 avr. 2021

Du même critique

Dans les forêts de Sibérie
jerome60
8

http://litterature-a-blog.blogspot.com/2011/12/dans-les-forets-de-siberie-calendrier.html

Sylvain Tesson s'est fait un serment : avant ses 40 ans, il vivra plusieurs mois dans une cabane. Direction donc le fin fond de la Russie, sur les bords du lac Baïkal. De février à juillet 2010,...

le 17 déc. 2011

32 j'aime

1

Le Guide du mauvais père, tome 1
jerome60
7

Critique de Le Guide du mauvais père, tome 1 par jerome60

- Papa ! C'est quoi la pénétration ? - La pénétration c'est quand le monsieur est sexuellement excité et que son pénis devient tout dur. Ça s'appelle une érection. Ensuite le monsieur fait entrer son...

le 5 janv. 2013

27 j'aime

1