Quand je pense au moment ou j'ai lu ce livre, je repense à mon passé. Caché dans ma chambre muni d'une tapette à mouche, je cherchais du regard les ombres miniatures se posant sur les murs blanc. La consigne était simple : il fallait taper assez fort pour tuer mais pas trop fort pour ne pas tacher le mur de rouge. La tapette, si elle s'abat contre le mur avec trop d'aisance, compresse le corps de la mouche et l'impacte fait littéralement exploser les organes de l'insecte qui tâchent le mur. Pas facile d'avoir la bonne dose de force dans ce geste cruel puisque si on ne tape pas assez fort, la mouche continue à voler. Quand on fait la sieste, la mouche prend plaisir à venir se poser sur les parties sensible du visage : les joues, les sourcils, le nez, les lèvres. Cela force à se mutiler. Je ne compte plus le nombre de baffe que je me suis mis en essayant d'arrêter la danse d'une mouche trop à l'aise sur ma joue. Ce livre donne une sensation similaire. Plus on le lit, plus on est plongé dans une bataille qui finalement est autant une bataille contre nous-même qu'une bataille contre l'histoire. On se bat d'abord pour que l'histoire commence. C'est long. C'est bien écrit mais c'est long. Ensuite, on se bat pour que les deux protagonistes fassent l'amour. On se bat pour qu'ils survivent. Et quand arrive la fin, la mouche se pose sur le visage et on la laisse faire. On l'apprécie. On ne veut plus la tuer. On veut qu'elle reste et qu'elle continue à nous embêter. Mais elle meurt. Et au lieu de jubiler, on pleure.