NDR-113 est un robot sorti tout droit de l'entreprise United States Robots and Mechanical Men. L'entité métallique, en tant que domestique, vit dans la grande demeure de l'éminent Gerald Martin, un fin connaisseur et partisan d'un mode de vie simplifié par des engins humanoïdes. Considéré par la benjamine de la famille, Amanda (Petite Mademoiselle), puis par tous les membres de la famille Martin, NDR-113 voit rapidement son nom de matricule disparaître des lèvres de ses interlocuteurs au profit d'un prénom. Celui d'Andrew. Et la fabrication anthropoïde, tout comme les membres de la fratrie, s'aperçoivent petit à petit qu'il est bien plus que ça.
Adapté de la célèbre nouvelle d'Isaac Azimov "L'homme bicentenaire", le roman "Tout sauf un homme" pousse la question du transhumanisme jusqu'à une période de temps que nous ne connaîtrons jamais (sauf si l'élixir de l'immortalité est fabriqué entre temps). Car nous suivons dans cette histoire une machine qui se retrouve préoccupée par cette sensation manifeste et intérieure, celle de se sentir homme. S'ensuit, pour le dénommé Andrew, une bataille personnelle pour la conquête de ses droits dans le but de pouvoir être considéré un jour comme un véritable humain. Objectif suprême qui, par ce fait, deviendra le combat de sa vie.
Beaucoup de questions sont soulevées après la lecture de ses pages. Et la plupart d'entre elles n'existent pas encore, du moins pas à notre présent stade d'avancée technologique.
En revanche, l'on retrouve, dans la lutte du robot, des liens directs aux immenses combats qu'ont pu mener les esclaves pour l'obtention de leurs droits les plus fondamentaux et évidents. Et plus actuellement, nous pouvons mentionner le soulèvement des femmes qui manifestent toujours un peu partout dans le monde pour leur droit à l'équité par rapport à la condition sociale des hommes généralement favorisés.
Tout ce que vit Andrew dans le livre fait écho à ce qui peut se produire encore aujourd'hui dans notre civilisation. C'est en grande partie pour cela que les deux auteurs de cet écrit ont réussi à nous interpeller. Hormis cet aspect déjà bien chargé, nous avons une intrigue bien trouvée et une narration superbement bien amenée. Avec, pour bénéfice, quelques personnages attachants et humanistes qui nous donneraient presque envie, à nous lecteurs, de les rencontrer en vrai.
La science-fiction a cela de sublime, c'est qu'elle nous permet de questionner beaucoup de choses sur le plan personnel, le plan social et même sur le plan éthique et civilisationnel. Certes, l'imagination de ou des auteur(s) y est (sont) pour beaucoup dans la qualité du récit. Mais lorsque ses qualités se remarquent, nous ne pouvons que savourer ce qui nous a été donné de lire.
Merci à ses grands messieurs que sont Isaac Azimov et Robert Silverberg de nous avoir pondu cette magnifique histoire, inspirée d'une autre soit. Mais convertir ce qui était à la base une nouvelle en un roman passionnant est loin d'être chose facile.
Lecteurs, lectrices, si vous aimez la science-fiction et qu'un jour vous tombez sur ce bouquin, n'hésitez pas une seule seconde !