« De toute façon, ils sont tous cinglés.
Les acteurs, voulait-il dire. En tant qu’espèce. »
Ah, quel bonheur de lire Richard Russo ! Quatre histoires, quatre longues nouvelles qui contiennent toutes la magie de sa plume, cette chaleur humaine teintée d’un humour taquin. Une prof confronte un élève à un plagiat évident en faisant le parallèle avec sa propre histoire (celle que j’ai le moins aimé, le mouvement entre passé et présent n’étant pas des plus clairs), deux frères se retrouvent lors d’une visite organisée en Italie (un ton désenchanté qui fonctionne vraiment bien), un agent immobilier travaille à accepter son cancer (aussi drôle que triste) et enfin un scénariste rencontre un immense acteur afin de, peut-être, accepter une collaboration pour développer une de ses idées (où l’on projette forcément à la fois l’auteur et Paul Newman)… La trajectoire de chacun a subi, subit ou va subir un changement, et c’est ce moment de flottement qui est décrit, la manière dont tout semble parfois concourir à nous mettre des bâtons dans les roues, la façon dont tout et tous sont liés. C’est très riche, empli de détails signifiants, ça sort du monde le temps de la lecture, et on n’a qu’une envie une fois la dernière page tournée, relire encore Richard Russo.