Agréable en termes de lecture, un assez bon rythme.
On comprend bien l’idée : le monde est horrible et moi je vous sers son horreur sur un plateau.
Mais bon voilà, c’est surtout selon moi un egotrip un peu cradingue sans grand intérêt. Il s’envoie des meufs en traînant sa vieille croûte de raté chauve sur les trottoirs fanées de La Havane. Bon, il m’en faut plus pour ressentir de l’empathie en ce qui me concerne.
Et puis, tu lis trois chapitres, t’as tout lu. Un peu exaspérant, très redondant. Ça fait sûrement bien d’aimer ce roman : ouais moi grande nihiliste décadente à la mesure de mon siècle de violence. Sauf que je me demande vraiment si en 2024 c’est légitime de lire un truc comme ça, un peu raciste, sexiste, ça me gêne carrément; je suis pas pour originellement mais là ça manque vraiment d’un sensitivity reader.
Enfin je sais pas mais qu’est-ce qu’on s’en tape en plus qu’il ait tel ou tel travail pourri, puis une baise, une rasade de mauvais rhum, un oncle qui crève, et rebelotte au chapitre qui suit mais dans le sens inverse ? Là on y est : c’est la bite generation.
Arrêtons de faire semblant d’être touchés, ici, trente ans plus tard, avec nos années d’études harnachés à nos calmes sièges de bibliothèques universitaires, notre vision de l’ailleurs instagramable et nos brunchs healthy arrosés de graines de chia, on y comprend rien à Cuba, et moi la première, et en nous, pas le moindre ersatz beat ne subsiste, mais toujours et seulement le vieux même résidu de désir de distinction qui est l’autre moitié du conformisme et qui nous pousse à vouloir aimer Trilogie sale de La Havane pour se persuader qu’on est, en lecteurs avertis et iconoclastes, de véritables aventuriers, et très très subversifs attention !
En fait ce livre il me fait dérailler, il me donne tellement envie d’être méchante ! Et déjà Pedro Juan, vieux con, ma main a parier que t’as jamais donné 12 orgasmes d’affilée à une de tes amantes. Gros menteur !