Une femme, un homme, l'amour, le destin : qu'y pouvaient-ils ?
Attention, c'est LA version à lire. Celle qui remonte aux sources historiques, dans toute leur diversité (anglaises, françaises, galloises, irlandaises, bretonnes, écossaises...), pour nous fournir une nouvelle version synthétique et très probablement la plus proche du mythe d'origine, vers le 6e ou 7e siècle.
Pour moi, le point central courageusement remis à plat par René Louis, et contredisant les versions en vigueur depuis le 13e siècle, est de savoir si Iseult fait boire le philtre à Tristan sciemment ou par erreur. Il démontre doctement, dans les 50 pages de ses commentaires finaux, que c'est bien volontairement que Iseult choisit son destin, en toute connaissance de cause, en refusant de conserver le philtre pour son futur mari le roi de Cornouaille, dont elle ne veut pas, pour le donner à l'homme dont elle est éprise et qu'elle sait épris d'elle, même s'il ne se l'avouera jamais, chevalier exemplaire entièrement dévoué à la mission confiée par son roi : ramener Iseult pour en faire sa reine.
La morale et l'Eglise à partir du 13e siècle refuseront l'idée qu'une femme puisse choisir son destin et prendre le contrôle de l'homme qu'elle aime. C'est donc la version de l'erreur commise par Brangien la servante qui s'imposera pour des siècles. La morale était sauve. Jusqu'à ce que René Louis remette les pendules à l'heure au 20e siècle.
Au-delà de l'intérêt majeur de cette version, l'histoire est formidable, pleine d'inventivité, pleine de la richesse historique du contexte moyenâgeux.
Un must !