J'ai trouvé ça plus que triste, bouleversant, épouvantable, sidérant, rageant, répugnant, terrible, captivant, agaçant, révoltant.
J'ai trouvé ça intelligent. Intelligent parce que réfléchi, posé, mesuré.
L'autrice fait un travail fin et délicat d'écho avec de nombreuses autres œuvres littéraires (Nabokov, Carrère, Springora, Angot, Ponti...) et retrace avec eux une histoire littéraire de l'écriture de l'horreur. On réfléchit avec elle sur la possibilité de la parole face à la monstruosité, on la suit dans ses pensées, car pas une seule fois elle nous abandonne. L'écriture est directe, presque comme une adresse au lecteur, et nous permet de la suivre, quand bien même on voudrait s'éloigner des agressions sexuelles qu'elle raconte.
Toujours avec intelligence, elle réussit à parler de bien plus que de sa propre histoire: elle nous parle de littérature, elle nous parle de pouvoir, de sa vision de la prison, de l'éducation de sa fille, de la place du mal dans nos société, de nos hontes et de nos hypocrisies.
Je suis triste que beaucoup de gens ne le lisent pas par peur du sujet qu'elle traite. Elle le dit très bien : détourner le regard, c'est une façon d'isoler encore un peu les victimes d'incestes. Ce n'est pas une problématique "privée", cela nous concerne tous et toutes, et elle l'explique immensément bien.