Un récit si bien écrit que je me suis empressé de le relire dès que je l'ai eu terminé !
"Tout ce qui touche à Buffalo Bill se change en carton-pâte que c'en est désarmant." Eric Vuillard résume ainsi, aux deux tiers de son court récit, la vie de celui qui a inventé le show business avec son imprésario, la major John Burke. Ce dernier, pas plus major que vous et moi, a fait le succès du Wild West Show en ne reculant devant rien pour sans cesse renouveler le spectacle, allant jusqu'à recruter des Indiens rescapés du massacre de Wounded Knee, y compris le célèbre Sitting Bull, pour y jouer une version soft de cette tragédie. Dans ce récit foisonnant, nous apprenons entre autres aussi que ce Wild West Show a été le premier spectacle nocturne du monde, que William Cody alias Buffalo Bill a fondé une ville qui porte son nom dans le Wyoming et pour l'anecdote, que le fameux cri de sioux poussé par tous les enfants du monde en faisant claquer la paume de la main sur la bouche, n'est qu'une pure invention de Buffalo Bill ! Eric Vuillard agrémente sa narration de réflexions personnelles qui font le charme d'un récit qu'une deuxième lecture rend plus séduisant encore.
Le dernier chapitre évoque avec poésie l'opposé de "Buffalo Bill Cody" et de son spectaculaire show, Wilson Alwyn Bentley, qui découvre l'éphémère beauté des flocons de neige, tous différents si on se donne la peine de les observer, avant de les photographier par centaines, des clichés qui deviendront célèbres mais qui ne lui apporteront ni richesse ni gloire.
Eric Vuillard, quel grand écrivain !