Le problème de Sophie Divry, dans ce roman, mesure, en moyenne, entre 12 et 15 centimètres. Mais elle ne le voit pas. Elle ne voit le sexe nulle part. Elle raconte la condition pénitentiaire, elle n’oublie rien. Sauf le zizi. Une pièce manquante dont l’absence finit par faire plus de bruit que tous les cris qu'elle veut nous fait entendre.
Faut-il conseiller à Sophie Divry d’écouter Pierre Perret et, en particulier, sa chanson intitulée « le zizi » ? Je suis réservé. Primo, je n’ai pas une grande passion pour Pierre Perret ; deuzio, je n’ai pas non plus une grande passion pour les conseils.
Au lieu de savoir mieux que Sophie Divry ce que pense Sophie Divry, écoutons-la :
- Sophie Divry a écrit La condition pavillonnaire. C’est un roman à l’ancienne, mais moderne – ou l’inverse – qui raconte l'histoire d'une femme condamnée à la vie normale. Le roman parle au ventre.
- Sophie Divry a aussi écrit Journal d’un recommencement qui, ça alors, est un journal. Elle y raconte comment, malgré tout, elle a réussi à greffer sa foi catholique à la vie moderne. Quand je dis malgré tout, je devrais dire malgré ses potes, etc.
- Sophie Divry a aussi écrit – quel boulot ! – un petit texte intitulé La cote 400. C’est très court, et pourtant, l’une d’entre vous m’a confié n’avoir pas réussi à le finir. Comment est-ce possible ? Ces histoires de bibliothécaire névrosée ne l’ont pas intéressé ? J’ai pourtant connu une hautboïste - la joueuse de hautbois qui m’a appris l’existence du mot « hautboïste » – qui avait beaucoup aimé. Est-ce la raison pour laquelle son petit ami l’a quitté ? Il ne m’a pas dit.
- Sophie Divry a aussi écrit – quelqu’un l'a prévenu qu’on était passé aux 35 heures ? – un roman intitulé Quand le diable machin truc. C’est comme ça avec les mauvais titres : je les oublie. Et c’est pas mal dans mon souvenir vague. Pas mal, c’est-à-dire pas bien. C’est un roman très joueur, oulipien si on veut sortir les mots du dimanche, mais surtout un roman écrit avec la tête et comme toujours dans ce cas, j'ai eu envie de dire vingt fois : "Fais pas la tête, c'est pas si grave".
Si à cela j'ajoute que Sophie Divry a aussi écrit des choses que je n’ai pas lues, ma revue est complète.
J’en reviens à ce roman dont j’étais censé parler - Trois fois la fin du monde – qui est un roman sans zizi. Sans chair. En os et en os. C'est pour cela que les fins du monde passent et que, ma foi, ça ne fait pas très mal. L’Apocalypse de Sophie Divry est une feuille de laitue sur laquelle, pour lui donner du gout, elle a versé un flacon de tabasco : ça ne marche pas comme ça, je crois.
Je prie pour tous les bons catholiques – les mauvais, je les aime bien aussi remarquez – je prie pour qu’ils retrouvent la direction de leur viande, car à cette heure, sur sa croix, Sainte Sophie (Divry) n'a qu’une âme à accrocher et, sans les plaies, les clous, le sang, c'est beaucoup moins impressionnant Jésus.