Cette histoire intense quoique très courte est racontée par Yukiko à sa fille Namiko dans une lettre-testament. C'est l'histoire d'un adultère, celui de son propre père. L'écriture sobre et pure d'Aki Shimazaki parvient avec une aisance envoûtante à recréer pour le lecteur le Japon de la Seconde Guerre mondiale. Peu d'éléments sont donnés concernant la société japonaise à proprement parlé, hormis les réticences que les familles qui contrôlent les mariages peuvent ressentir lorsqu'un de leurs fils s'éprend d'une orpheline sans relations ni fortune. L'auteur choisit plutôt de centrer son récit sur la cellule familiale de Yukiko, installée à Nagasaki bien qu'originaire de Tokyo. C'est la guerre, c'est un temps de compromission, de manipulation, d'endurance et de souffrance.
Avec la délicatesse d'un pétale qui chute d'un cerisier en fleurs à la fin du printemps, le récit de Yukiko est modelé de toute la poésie que renferme la culture japonaise. Comme la beauté de la fleur n'enlève rien au drame de son déclin, la poésie de cette romance avortée, poignante dans sa banalité, n'enlève rien à la violence du contexte de guerre qui lui sert de cadre. La deuxième bombe atomique est là, ou plutôt sera là dans quelques jours, apportant à la fois désolation et dénouement providentiel à la situation dramatique que vit cette famille qui étouffe sous le poids d'un secret infamant.
Un moment de lecture très agréable malgré le sérieux dramatique du sujet qu'il développe, comme une façon de nous montrer que la guerre n'est qu'un élément extérieur à l'existence humaine qui vient certes en changer irrémédiablement le cours mais ne peut empêcher les situations individuelles de se poursuivre. L'amour, la passion, la famille... tous la subiront et lui survivront.
Ma lecture et son thème m'ont souvent évoqué le long métrage animé de Goro Miyazaki, "la Colline aux coquelicots".
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