Je reproche à cette longue nouvelle (ou court roman) d’avoir un dénouement qui ne colle pas avec le reste de l’intrigue. La tension retombe assez vite alors que durant toute l’histoire, tout laisse à croire que le bateau va finir par sombrer. Même si d’après l’auteur, « l’intérêt du roman ne réside pas dans ce mauvais temps mais dans l’élément humain », je trouve que sa réflexion sur l’humanité n’est pas assez développée et j’ai largement préféré les descriptions du typhon. Oui, l’homme est prêt à se battre contre d’autres hommes pour sauver sa peau, et après ? En 1902, c’est déjà un thème trop éculé pour qu’il soit réellement choquant ici. Pour que cette idée puisse marquer mon esprit, il aurait peut-être fallu qu’il n’y ait pas cette tempête, ou que sa violence soit atténuée au lieu de dominer complètement le récit. Avant Typhon, d’autres auteurs ont beaucoup mieux exploité, l'idée que l'homme ne peut faire confiance qu'à lui-même, comme Balzac dans Illusions Perdues ou Emily Brontë dans Les Hauts de Hurlevent.
De plus, cela m’énerve un peu que Joseph Conrad se compare au Capitaine Mac Whirr, protagoniste principal de la nouvelle. Ce personnage est dépeint comme étant quelqu’un de très taciturne, n'aimant pas réfléchir et détestant la lecture. Pour moi, un écrivain aime au moins réfléchir et lire, je trouve donc cette comparaison contradictoire.
J'ai malgré tout passé un bon moment. Ce récit est très divertissant et immersif. J’avais vraiment l’impression d’être parmi les passagers du bateau, balayé par la tempête ; c'est pourquoi je ne peux que conseiller ce livre.