Eh bien voilà. Fini. Commencé cet été, et terminé à la presque fin de l'hiver.
Peu importe le rythme auquel on découvre cette somme : en définitive, on n'y comprend rien. Le peu de cohérence narrative de l'ensemble peut d'ailleurs sembler rebutant. En apparence, seulement.
Car on n'attend pas longtemps de ce pavé qu'il nous raconte une histoire. Le concept de récit sur une journée suffit d'ailleurs à dissuader le plus fervent amateur de péripéties. Ici, point trop d'aventures, on cause plutôt. On discute, on déblatère, on monologue, on digresse, on tchatche, on reprend son interlocuteur, à moins qu'on ne se reprenne soi-même, on réfléchit en interne ou à haute voix, on échange sur tout et rien, on crie, on chuchote, on intègre des discussions de marins, de journalistes, de cochers de nuit, de piliers de bars, d'usagers de bordel...Le foisonnement de discussions et de références est tel qu'il est déstabilisant.
Et pourtant, rien ne dissuade réellement de se laisser bercer par la musique des mots.
Certes la lecture est ardue, parfois tellement difficile que l'on est tenté de faire partir un feu avec le bouquin (possibilité d'allumer une bonne centaine de brasiers), le sens a l'air de s'échapper en diverses occasions et ne revenir qu'au moment où on s'y attend le moins, et l'auteur passe régulièrement pour sadique tant il multiplie les contre-sens, les références énigmatiques, les listes de noms de personnes, de lieux, de tout et de rien (sacré monomaniaque), les descriptions à n'en plus finir, les réflexions sur des points de détails... Avec en apothéose le dernier chapitre, 70 pages sans un seul signe de ponctuation, outch...
Mais rien de tout cela n'est insurmontable. Et le lecteur appliqué triomphera sans peine des embuches mises sur sa route.
Si l'on n'en sort pas indemne, on en sort démesurément grandi.