En plongeant dans ce livre je ne savais pas quoi m'attendre. Ayant échappée à la rentrée littéraire de cette année, j'étais passée à côté. Grand bien me fasse de participer au prix du roman des étudiants pour une année supplémentaire.
Le parti pris de l'auteur, F-H. Désérable, est de nous plonger au coeur d'une enquête concernant un personnage du roman de Romain Gary, M. Piekielny, "infernal" en russe, présent dans "La Promesse de l'aube". Ce M. Piekielny, fantôme du passé de Roman Kacew, quand il vivait à Vilnius avec sa mère et qu'il était encore enfant. On ne sait rien de lui, car il apparaît dans un seul chapitre, avec seulement trois phrases pour le présenter.
Comme nous le dit l'auteur, tout part d'un hasard, alors qu'il avait du temps à tuer à "Vilno", il se retrouve comme par magie devant l'immeuble où a vécu son auteur adoré. Et nous, lecteur, spectateur aussi, comme assistant à une enquête en temps réel, nous allons suivre ses avancées et tribulations à travers un voyage dans le passé de ce sombre inconnu. Pour ce faire, il faudra remonter dans le temps jusqu'à se retrouver en temps de guerre mondiale, la deuxième, et ses conséquences.
Ce voyage au centre de la mémoire est extrêmement intéressant car porté par le style littéraire de l'auteur, entre phrases longues voire interminables à la Proust et second degré. Qui dit enquête sur Romain Gary dit enquête dans sa propre vie intime également, celle de cet auteur incroyable, et celle de ce néo-écrivain à la recherche de son propre livre. Comme il le dit, à plusieurs reprises il hésite entre plusieurs thématiques, il se pose maintes questions jusqu'à arriver à ce résultat final, non exempt de défauts mais d'une profonde singularité.
A première vue on pourrait croire que ce roman parle d'un voisin inconnu, peut-être sorti tout droit de l'imagination de Gary. Il me semble plutôt qu'il traite du travail de Kacew et de ses multiples identités. Lui qui se transforma en Emile Ajar pour obtenir une seconde fois le prix Goncourt, du jamais vu. Qui a menti sur plusieurs pans de sa vie, sur la mort de son père, sur sa naissance, etc...
François-Henri Désérable, pousse son enquête assez loin pour nous permettre de nous interroger sur cet écrivain de légende, et nous laisse le choix, à la fin, de croire ce que nous voulons. Que M. Piekielny ait ou non existé, il représente un symbole contre le nazisme. En outre, un symbole littéraire qui vit car vit dans une histoire. Et comme il le voulait, il nest pas oublié. Merci, cher M. Gary.
PS: Désolée pour cette critique totalement décousue, mais ce livre m'a pris de court. J'espère qu'il aura le même impact sur vous.