Je suis un fan de la première heure de Chattam mais je le trouve de moins en moins inspiré. « La patience du Diable », « L’appel du néant » et plus récemment « Le Signal » m’ont ainsi franchement déçu. Ces dernières années, seul « Que ta volonté soit faite » m’a réellement plu.
J’attendais donc « Un(e) secte » au tournant. Et c’est une nouvelle déception, hélas. Le roman n’est pas fondamentalement mauvais mais, à nouveau, je n’y ai pas retrouvé ce qui, par le passé, faisait le petit truc en plus propre à Chattam, ce petit truc qui le démarquait de ses concurrents, cette façon, souvent gore, d’aborder les facettes les plus obscures de l’âme humaine qui nous faisaient précisément frissonner parce qu’on savait qu’elles existaient réellement.
La thématique des insectes tueurs ne relève évidemment pas de ce postulat. Alors, oui, elle est originale, mais je l’ai trouvée fichtrement sous-exploitée. Les insectes ne sont finalement qu’un arrière-plan narratif.
Reste alors une enquête plutôt banale, qui patine dans ses deux premiers tiers, partagée entre deux personnages plutôt insipides, avant de basculer dans un final plus frénétique mais terriblement convenu. En filigrane, une théorie du complot (encore une !) qui, outre son manque d’originalité, donne surtout le sentiment de suivre une parodie « jamesbondesque » bien manichéenne. Si elle sonnait juste dans « Les Arcanes du chaos » et parvenait à surprendre dans « La théorie Gaïa », dans « Un(e) secte », son traitement est trop invraisemblable que pour ne pas paraître grotesque. On n’y croit pas ! Et ce ne sont pas les quelques vagues et obscures références, en fin de bouquin, qui changent la donne. Elles semblent au contraire attester du fait que l’auteur lui-même est conscient de la fragilité de son ressort narratif et qu’il cherche, vainement selon moi, à lui donner une certaine crédibilité.
Au-délà du classicisme de l’intrigue et de son déroulé, plusieurs points m’ont dérangé.
Un style inutilement alambiqué. A force de chercher la métaphore qui décoiffe, sans forcément y parvenir, il n’est pas rare de lire des passages boursouflés. Un retour à la sobriété d’antan serait sans doute salutaire.
A cela s’ajoutent, depuis quelques années, des intrigues plus longues, inutilement plus longues, dans lesquelles le rythme s’avère décousu.
Au final, j’ai eu le sentiment de lire un techno-thriller peu inspiré. Il y a, en la matière, des auteurs bien plus talentueux. C’est bien d’explorer de nouveaux horizons mais tout le monde n’a pas la chance d’avoir un talent pluriel. Peut-être serait-il temps, pour Maxime Chattam, de revenir à ses fondamentaux.
J’espère une bonne surprise en 2020.