C'est un roman d'initiation un peu biaisé que propose Einar Mar Gudmundsson dans Un été norvégien. Parce que le temps a fait son œuvre et que l'auteur n'est pas dupe des naïvetés de la jeunesse, ce qui ne l'empêche pas de célébrer cet enthousiasme à vouloir dévorer le monde, voire à le changer, si possible. Ce n'est donc pas le livre des désillusions mais plutôt celui de la nostalgie et de la mélancolie en cet été 1978, où le basculement entre la génération hippie et celle du no future punk devient palpable. Gudmundsson, dont un tiers des romans seulement a été traduit en français, revient sur une période, autobiographique sans doute, au moins en partie, où alcool, drogue, voyages, amitié, amour et poésie constituaient, à doses plus ou moins homéopathiques et diversement partagés selon les protagonistes du livre, le mode de vie de jeunes gens qui abordaient avec appétit et irresponsabilité le champ des possibles. Il faut s'attacher de près au texte de Gudmundsson dans ses digressions et ses anecdotes innombrables qui multiplient les personnages et ne pas se laisser happer par ce qui a parfois l'apparence d'un maelström. Mais c'est comme si l'on suivait les cahots des souvenirs de l'auteur, à mesure qu'ils viennent, avec ses flashbacks et ses sauts en avant incessants qui donnent à l'ouvrage un côté désordonné assez sympathique et charmeur.

Cinephile-doux
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Mes livres de 2020

Créée

le 26 juin 2020

Critique lue 149 fois

4 j'aime

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 149 fois

4

D'autres avis sur Un été norvégien

Un été norvégien
MonsieurScalp
9

Comme un vent frais et de liberté

Située vers la fin des années 1970, l'histoire narrée depuis nos jours actuels est centrée sur Haraldur et Jónni, deux jeunes islandais plein d'idéaux qui partent travailler en Norvège, comme tant...

le 8 août 2020

2 j'aime

Un été norvégien
Nadouch03
2

Critique de Un été norvégien par Nadouch03

Ne pas se fier au titre, il ne s'agit pas d'un roman norvégien, mais bien islandais. D'ailleurs, il est surtout question de l'Islande et de ses traditions, de sa culture littéraire, dans ce roman qui...

le 23 mars 2022

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 28 mai 2022

79 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

79 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

72 j'aime

13