Ayant découvert l’univers de Game of Thrones par la série TV et non par les livres, j’ai abordé les livres comme un complément, ou une alternative peut-être, à la série dont j’ai fini par être fan, j’en ferai de même dans ma critique. Je ne spoilerai pas dans le détail de passages importants, je les sous entendrai tout au plus mais j’en parlerai quand même à demi-mot donc bien sûr si vous voulez une découverte totale, lire cette critique n’est pas recommandée mais j’ai envie de dire que ça vaut pour toute critique dans ce cas-là.
Les intrigues à Port-Réal avancent à grande vitesse et avec beaucoup de spécificités à cette version littéraire. Des spécificités qui ne sont pas toutes à mon goût par ailleurs, comme Cersei qui fait fouetter Tommen parce qu’il a affirmé être le roi et pas elle. Pour le coup, je préfère la version de la série TV qui met l’emphase sur l’amour inconditionnel qu’elle porte à ses enfants qui ne fait aucun doute et c’est ce qu’elle vivra comme une trahison de par Tommen (non survenu à ce moment dans la version littéraire) qui la fera basculer encore un peu plus dans la folie.
La prophétie de Maggy la grenouille à propos du frère qui l’étrangle est une spécificité que je trouve déjà mieux puisqu’elle explique encore plus cette folie progressive. La différence d’âge entre Margaery et Tommen modifie également quelques peu l’intrigue avec Cersei qui cherche à tout prix à trouver la preuve que la jeune reine le trompe, quittes à fabriquer une preuve de toute pièce en étant convaincu que de toute façon c’est la vérité, là où il n’en est pas question plus que ça dans la série.
Du coup Margeary est ici enfermée par la foi militante et Loras est grièvement blessé à Peyredragon. La bataille pour Peyredragon est malheureusement skippé, ce qui est un peu bête pour le livre qui n’a pas les mêmes conditions budgétaires que la série bien évidemment et ça aurait apporter davantage au personnage de Loras je pense qui manque de présence je trouve, quelque-soit la version. Quant à Cersei les motifs pour lesquels la foi se retourne contre elle diffèrent mais ça ne change pas grand-chose.
Par contre, le rythme du bouquin qui fait que le chapitre de Cersei se conclue par ses supplications pour que Jaime vienne la secourir juste avant que le chapitre de Jaime ne reprenne, ça marche très bien. De plus, l’intrigue des Fers-Nés commence à impacter le reste du monde, là où c’était encore cantonné aux îles de fer jusqu’ici, avec cette stratégie vis-à-vis de défendre le Bief ou d’assiéger Peyredragon qui s’ajoute aux causes de l’effritement de l’alliance entre Lannister et Tyrell. C’est complètement ignoré dans la série et c’est encore une fois bien dommage.
Dans le même registre, les souvenirs d’enfance d’Arianne Martell humanisent pas mal les Martell et plus précisément les aspics des sables qui ne se caractérisent quasi exclusivement par leur soif de vengeance comme dans la série. Les révélations sur les plans du prince Doran, qui veut tout autant se venger finalement mais uniquement avec la certitude qu’il gagnera in fine « par le feu et le sang, » sont très prometteuses par la suite alors que le personnage me paraissait vraiment raté et sans intérêt dans la série.
J’ai trouvé Brienne plus émouvante que d’habitude avec l’évocation de son passé, la tristesse qu’elle ressent à l’égard de son père pour lequel elle ne peut être ni un bon fils ni une bonne fille alors qu’elle est le seul enfant qui lui reste. Il en va de même pour ses doutes et le fait qu’elle hésite à abandonner et retourner chez elle face au fait qu’elle n’a aucune piste probante. Ce qui lui arrive, ou ce que le livre nous amène à croire, est très poignant je trouve, en plus d’être très habilement écrit par moment.
Qu’elle croise le chemin de Gendry, de Thoros, trop longtemps ignoré dans la série, mais surtout de Lady Cœurdepierre change également pas mal la donne par rapport aux événements de la série TV, j’attends de voir la suite des événements mais là encore je ne comprends pas trop pourquoi les showrunners on fait l’impasse là-dessus. Bon après il y aussi quelques ratés à mon sens qui ont été évité dans l’adaptation télévisuelle. On retrouve vraiment les éléments essentiels du siège de Vivesaigues dans la série là où le bouquin s’attarde sur des éléments très dispensables à mon sens
par contre il reste l’issue du siège avec Brynden qui s’échappe, à la nage de façon assez comique vu qu’il se fait appeler le Silure.
Pour les Eyrié, je suis moyennement convaincu par cette version littéraire, l’insistance du Robin capricieux, immature… finit par être lourd, heureusement que le caractère de Mya Stone relève un peu le niveau en contrepartie. Baelish qui veut marier Sansa qu’il fait passer pour sa bâtarde Alayne à un autre bâtard qui deviendrait l’héritier des Eyriés si Robin venait à disparaître après une très longue explication sur l’origine de sa légitimité et une introduction beaucoup trop expéditive du bâtard en question, c’est excessivement complexe pour pas grand-chose, honnêtement là je préfère la version simplifiée de la série.
Plus j’avance dans ma lecture des livres Game of Thrones et plus je doute de certains choix de l’adaptation qui manque vraiment des éléments très importants très bien mis en lumière entres autres dans ce tome. Un Festin pour les corbeaux fait bien avancer les intrigues sur lesquelles il se concentre, bénéficie de spécificités très intéressantes malgré quelques petits écueils ici et là, mais j’en retiendrai surtout quelques très bons moments auxquels je ne m’attendais pas forcément.