Il y a des livres qui ne sont pas agréables à lire, mais qui n'en restent pas moins nécessaires. "Un homme" voit le génialissime Roth affronter la plus terrible aventure de l'homme, celle qui le confronte à son corps déclinant, à l'aliénation de la vieillesse, à la perte amère de tout ce qui lui a importé, à l'horreur stérile du néant. "Un homme" parle de cette tragédie aussi banale qu'insoutenable (les descriptions froides et cliniques des interventions chirurgicales ne réjouiront pas la plupart d'entre nous, je suppose), sans détours, sans les faux-semblants de la morale et de la religion : Roth est un écrivain à la fois trop "essentiel", trop honnête pour nous mentir. Les dernières pages du livre sont consacrées à l'art de bien creuser une tombe, car c'est un art. Qui a dit dérisoire ? Pas sûr ! Une dernière chose : le titre original de ce livre puissant est : "Everyman". Ça veut tout dire... [Critique écrite en 2009]