Un polar en plein Londres, en plein XIXème siècle : des ingrédients de base prometteurs. Et pourtant, la sauce n’a pas pris et le résultat m’a semblé plutôt insipide.
Certes, le décor est historique, et Mme Granger a certainement potassé son sujet (comme doit sans doute nous le montrer son intérêt particulier pour les égouts de Mr Bazalgette). Mais il ne suffit pas de mettre un manchon à gaz ici, un fiacre là, et des domestiques au sous-sol façon Downton Abbey pour créer une atmosphère. Le murmure, l’odeur de ce Londres en plein bouleversement m’ont échappé.
Si le décor m’a paru de papier mâché, les personnages ne s’en tirent pas mieux. S’il s’agissait d’un film, je vous dirais qu’ils surjouent, tous. Ils rentrent bien sagement dans des cases qu’on a vues et revues (la domestique féministe avant l’heure, l’inspecteur chevaleresque et l’agent de police maladroit, l’ecclésiastique pervers, j’en passe) et dont on connaît toutes les ficelles. J’ai eu particulièrement du mal avec le personnage principal, Lizzie Martin, qui dégouline de bons sentiments et qui s’autocongratule tout au long du livre à propos de la vivacité (supposée) de son esprit…
Restait l’intrigue. Mais là encore, c’est très convenu. Le mobile est outrageusement prévisible et on le devine très tôt. L’auteure déroule ensuite une liste de candidats assassins répétitifs et bancals, jusqu’à ce qu’enfin, coup de théâtre ! le meurtrier
(qu’évidemment on avait pris soin de ne pas soupçonner jusque-là)
soit révélé.
La narration à deux voix, avec les deux protagonistes principaux qui se racontent à tour de rôle, marche plutôt bien en cela qu’elle rythme agréablement le récit, mais ça n’a pas suffi à me donner envie de lire les prochaines aventures de Lizzie Martin.