La chair du dragon
Roman clé dans la saga, ce quatrième tome est aussi l’un des plus volumineux. C’est bien simple, Robert Jordan ne lésine plus sur la quantité et les détails, tout en étoffant toujours plus un monde...
le 27 mai 2018
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De manière générale, je sens enfin une grande maîtrise de l'oeuvre par l'auteur, il est enfin parvenu à trouver un équilibre : raconter des intrigues intéressantes sous fond d'un background minutieusement et richement développé. On explore d'autres facettes du monde, on redécouvre des anciennes, bref, ce tome a vu très grand !
En reprenant pile là où ça s'était arrêté, il était beau de voir tous les personnages réunis et voir leur évolution dans un moment de "calme", le plus frappant reste le personnage de Rand, mais j'y reviendrai après. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce tome démarre de façon dynamique passée l'introduction assez longue mais très intéressante. La révélation que Selene était une méchante, je ne sais pas dire si je m'y attendais, puisque j'avais un peu oublié le personnage (honte à moi), mais en Lanfear, je trouve que c'est une antagoniste assez classe, quoiqu'un peu cliché. Si on se réfère au schéma narratif, alors le combat de début est ce que l'on appelle communément un "élément perturbateur". Suite à cela, trois intrigues se forment avec une quatrième intrigue plus secondaire, mais "nécessaire". Je vais revenir sur chacune des quatre, en commençant par la moins "importante".
L'intrigue à Tar Valon, était finalement, comme je l'ai dit, un peu nécessaire. Les Aes Sedai ont un grand rôle à chaque tome, et un peu partout, quand j'y pense. Min, personnage secondaire qui m'est plutôt sympathique, vit quelques péripéties qui permettent de mieux appréhender le personnage, mais l'événement majeur de cette intrigue reste "La chute de Tar Valon" avec la Chaire d'Amyrlin qui perd les pleins pouvoirs et redevient une femme comme les autres. Je n'irai pas jusqu'à dire que je m'y attendais, mais c'était, il faut l'avouer, un rebondissement sûrement nécessaire pour l'histoire.
Ensuite, qu'en est-il de l'intrigue à Deux-Rivières ? Alors on pourrait faire l'analogie avec le "retour au pays menacé" avec "La bataille de la comté" dans Le seigneur des Anneaux, alors qu'il n'y avait pas eu de comparaisons possibles entre les deux œuvres depuis le tome 1. C'est une intrigue qui se révèle assez intéressante avec comme protagoniste Perrin, qui subit une grande évolution, plus encore que dans le tome précédent où il était assez important. La perte de sa famille lui permet de faire naître en lui un désir de vengeance et même si il est vrai que je n'ai pas retenu les noms de tous les personnages secondaires qui se battent à leurs côtés, je retiendrai Gaul, Bain et Chiad, trois Aiels qui m'ont été fort sympathiques et qui offrent une présence mineure assez agréable, ainsi que Faile, car même si la relation "je t'aime moi non plus" avec Perrin peut se révéler assez agaçante, c'est finalement une romance assez bien construite, quoiqu'un peu niaise. En un tome (bon, il est long), Perrin perd sa famille, se marie et devient un seigneur de guerre qui libère sa patrie. Il est clairement le personnage qui évolue le plus au cours de ce tome et ce n'est pas pour me déplaire. Après, il y a parfois un manque de subtilité, notamment avec Les fils de la Lumière qui sont des c*nnards sans subtilité, du moins c'est l'impression qu'ils m'ont donné. Aussi, j'ai trouvé la fin de l'intrigue un peu facile, avec un deux ex machina assez convenu, dommage.
La deuxième intrigue, différente, se révélait aussi assez intéressante. Première fois (depuis le tome 1) que Nynaeve et Egwene sont séparées (enfin il me semble), cela nous permet de les appréhender différemment. Bon, je pense avoir enfin accepté que Elayne soit un personnage principal et qu'elle ait plus ou moins autant d'importance que Nynaeve pour cette intrigue. Là où la précédente intrigue se concentrait beaucoup plus l'action, celle-ci opte pour une traque plus "calme", ce n'est pas une mauvaise chose en soi, d'ailleurs. J'ai bien aimé voir un peu Le Peuple de la Mer, même si leur apparition a été trop courte, comme si il y en avait que pour les Aiels et les Aes Sedai, mais ils forment un peuple intéressant. Comme personnage secondaire intéressant, je retiendrai Egeanin, d'une part parce qu'elle permet de nous ressasser les événements du tome 2 et d'autre part parce qu'on ne sait jamais dans quel camp elle est vraiment. Ca compense le manque de subtilité des sœurs noires, en particulier de Liandrin qui maltraite la domestique en mode "ha ha ha je suis méchante !", d'ailleurs ça permet de remarque que dans ce tome 4 la plupart des antagonistes étaient féminins, même si ça n'est pas forcément important de le signaler (mais subjectivement je suis content qu'on évite le coup de "toutes les femmes sont gentilles", même si l'auteur ressasse souvent les clichés sur les sexes). L'intrigue est aussi importante pour Nynaeve que pour Elayne, puisque toutes deux doivent affronter leurs peurs et vaincre leurs peurs, au mépris des autres personnages qui, à part Thom, Egeanin et le Peuple de la Mer, m'ont paru assez fade, y compris la Rejetée dont j'ai déjà oublié que Nynaeve affronte et bat "trop facilement", quand bien même elle s'enfuit, ainsi que les sœurs noires, mais bon, faut bien des intrigues pour les autres tomes. On m'avait aussi dit qu'au fur et à mesure de l'avancée de l'histoire, Nyaneve et Mat seraient mes personnages préférés. Euh...c'est loin d'être le cas, pour le deuxième j'y reviendrai après et pour la première, même si je ne la déteste pas, j'ai un peu cette impression qu'elle se prend pour quelqu'un de plus mature que les autres parce qu'elle est plus âgée alors qu'en fait...non. Et puis, sa relation avec Lan, quand j'y pense, est à peine évoquée. Je n'ai pas trop compris comment leur romance s'est construite dans le premier tome, mais depuis, ils ne se sont pas trop vus, donc bon...Elayne m'a paru plus sympathique, par contre et pour résumer, cela reste pour moi une bonne intrigue même si inégale et comme pour la précédente, une fin un peu trop "facile".
La troisième intrigue est celle sur laquelle il y a le plus de choses à dire. Le précédent tome, j'adorais les Aiels et ce tome-ci...toujours. Oui, découvrir leur culture était très intéressante, et ça aussi, dès le tome 1, on sentait que c'était un passe obligé. Ces guerriers et guerrières forment un peuple solide et de leur côté, aucun ne m'a dérangé, Rhuarc est un personnage un peu unilatéral, on tente un développement de Aviendha que j'ai trouvé agaçante de prime abord puis quelques peu intrigante ensuite et les Matriarches-témoignant d'une société assez matriarcale-et autres chefs font maintes partie de l'aventure, plus que certains personnages que j'aimerais considéré comme principaux, à savoir Moiraine et Lan, mais qui m'ont paru assez "absent", surtout Lan, alors que j'apprécie quand même le personnage. En fait, techniquement, toute cette intrigue où on découvre la société aielle est menée par Rand. Tiens, il y a beaucoup à dire sur lui pour ce tome. Après un tome 3 où il était quasiment absent, un tome de transition pour lui, il revient sur le devant de la scène. Et quelle évolution ! Dans le tome 1, je râlais sur le fait qu'il soit un immense soumis à tout le monde, mais ça permettait de créer un contraste énorme avec le personnage qu'il est devenu. Là, Rand en a marre d'être manipulé et commence à se servir des autres pour ses intérêts. C'est...assez égoïste, et peu commun pour un protagoniste de high-fantasy. Du coup, je pense qu'il va commencer à faire des choix douteux, mais j'ai désormais hâte de voir son évolution. Mat, quant à lui...rien à faire, je ne l'apprécie toujours pas. Je suis content qu'il soit moins présent ce tome-ci (on dirait que du trio principal il y en a toujours un un peu en retrait, ici Mat est clairement dans l'ombre de Rand) car ses rares passages étaient foncièrement agaçants. Je sais bien que l'écriture est subjective en fonction des personnages, mais avec lui, c'est le pompon. Cette manie de se plaindre tout le temps...beaucoup critiquent Fitz de l'Assassin Royal pour cette manie-là, mais pour Mat, c'est bien pire ! Quant à Egwene, elle était aussi un peu en retrait, et son évolution me paraît finalement "répétitive", puisqu'elle subit encore une formation. Dans tous les cas, c'est Rand qui est au centre de l'intrigue, il est un chef de guerre, il hésite sur trois femmes, il évolue drastiquement, gagne en assurance, et est au cœur d'un conflit qui n'empêche pas les Aiels de ne pas être des "alliés" mais qui permet, encore une fois, de mieux les comprendre. En outre, la fin de son intrigue est celle qui a été, à mon sens, la mieux amenée et la mieux développée, ne cédant pas à la facilité.
Pour conclure, j'ai adoré ce tome, en dépit de ses défauts, habituels (comme le personnage de Mat, les réflexions sur les hommes et les femmes, les facilités scénaristiques, quelques longueurs-quoique plus rares même si le tome était plus longs), comme les défauts caractéristiques de ce tome. Malgré tout, le background n'a jamais été aussi bien exploité (même si les Aiels et les Aes Sedai restent sur le devant de la scène), Rand, Perrin , Nynaeve et Elayne connaissent une évolution intéressante, le récit est complet, très gros et pourtant il est assez rythmé, grâce aux nombreuses et courtes batailles qu'il y a. Je pense que je suis devenu fan de cette saga
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Créée
le 28 févr. 2016
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