Le lyrisme du titre et la convoitise de la couverture qui m'afflige régulièrement avec les éditions Actes Sud ont conduit cet ouvrage dans le panier d'achat d'une librairie jurassienne à Poligny, merveilleusement appelée "la Fruitière des Livres" (on voit bien que d'emblée tout était contre moi...).
Je pensais m'embarquer sur un vaillant esquif qui fendrait les éléments et les aventures, explorerait l'amplitude à laquelle la géographie du titre semblait inviter. Je croyais ou aspirais à revivre une épopée historique, romanesque et exotique à la Jean-Baptiste Poncet dans l'Abyssin.
Je ne pouvais m'être trompée davantage.
Il ne serait cependant pas juste de formuler des reproches sur des attentes ou des perceptions qui étaient à la base - et de mon seul fait - erronées. Wilfried N'Sondé a sans conteste une belle plume et l'oeuvre qu'il a écrite est de qualité, mais ça ne change pas le fait que je l'ai ressentie comme vaine.
Je n'ai pas été divertie et je n'ai rien appris. Je n'avais pas besoin de me plonger par le menu dans l'ignominie et le long supplice d'une livraison d'esclaves au 17ème siècle pour "savoir" l'esclavage. J'ai cette capacité cinglante à être parfaitement lucide sur mon espèce, née du moment de mon enfance où j'ai appris l'existence de la solution finale. Mon âme de misanthropie, constituée à cet instant précis, a donc davantage besoin d'être consolée qu'informée. Et ce roman qui explore la vilenie humaine à tous les étages et dans les moindres recoins - cruauté, cupidité, lâcheté et j'en passe - n'offre pas la moindre once de consolation. Il plonge le lecteur dans l'obscurité la plus totale, sans lueur aucune, fusse-t-elle frêle ou vacillante.
C'est aussi qu'en tant qu'athée, je suis insensible à la notion sacrificielle car je doute fortement de l'utilité de l'exaltation qui en faite par le fait religieux. Cette notion sous-tend pourtant la trajectoire du héros jalonnées comme il se doit de milles épreuves et peut-être est-ce là que rayonne pour certains la lueur qui m'a manquée tout au long de cette lecture.
C'est donc pour moi un roman à réserver aux coeurs solides, à ceux qui contrairement au mien ont cette capacité, ce courage, à regarder nos démons dans le blanc des yeux.
Merci de m'avoir lue,
Amitiés,
Dustinette

Dustinette
6
Écrit par

Créée

le 18 oct. 2019

Critique lue 197 fois

Dustinette

Écrit par

Critique lue 197 fois

D'autres avis sur Un océan, deux mers, trois continents

Un océan, deux mers, trois continents
Jihel
7

Critique de Un océan, deux mers, trois continents par Jihel

Récit romancé du long périple accompli par un prêtre congolais nommé ambassadeur auprès du pape au début du XVIIe siècle. On le suit de son pays natal où l’on découvre l’existence d’un esclavage...

le 17 sept. 2022

Du même critique

Un divan à Tunis
Dustinette
2

Surtout...NE PAS S'ASSEOIR!

C'est Golshifteh Farahni qui dans "Quotidien" avait titillé mon intérêt pour ce film, dont le sujet me paraissait charmant et prometteur. Vibrante, solaire et volubile dans son habit promotionnel...

le 22 févr. 2020

7 j'aime

7

À couteaux tirés
Dustinette
3

En Epingles Monté

Je suis tombée dans le panneau de l'affiche Cluedo et du casting vintage chic. Pourquoi? Parce que je suis une femme stupide. C'est quand la dernière fois que je suis sortie d'une salle obscure sans...

le 3 déc. 2019

6 j'aime

5

Hierro
Dustinette
8

Intrigues & Sable Noir

Hierro prodigue les mêmes effets réjouissants que les séries scandinaves et étrangères à l'époque de leur émergence, après des années et des années de quasi-hégémonie anglo-saxonne. J'ai ressenti le...

le 2 déc. 2019

5 j'aime