Un cas étrange à l’armée, une étude psychologique poussée - mais quelle déviance exactement ?
Le court roman se construit en échanges de lettres entre docteurs, en comptes rendus secs d’entretiens psychologiques (façon retranscription de bande sonore), un long récit autobiographique du patient… L’envie de créer du réel par les documents présentés, comme un dossier médical. Le procédé n’est pas désagréable, mais pas des plus légers, assez apparent, presque agaçant en dans les premières pages. L’envie de l’auteur d’asseoir son histoire sur un dossier, et d’en dévoiler les indices lentement court le risque de perdre le lecteur, de lui faire poser définitivement le livre.
Ce qui serait un peu dommage, car le patient central reste un personnage intéressant. Cas de famille très défavorisée en campagne, de troubles familiaux, de recherche d’affection dans une voie des plus imprévus, dans le goût du sang et la petite chasse en forêt. Un mythe de vampire assis sur de bonnes grosses bases psychiatrique (on est au début des années 60, la psychanalyse se fait plus courante), et on flirte souvent avec les grosses ficelles. Mais la détresse, la gaucherie de ce vampire défavorisé psychanalytique flotte au fil des pages, le rend des plus touchants - une voix, un personnage, comme une silhouette, au final assez marquante.