Frédéric Beigbeder se fait arrêter par la police pendant qu'il snifait de la cocaïne sur le capot d'une voiture et placé en garde à vue. Durant cet enfer carcéral (sic!), il va se remémorer son enfance qu'il avait pourtant totalement oublié.
Alors c'est le troisième roman de Beigbeder que je lis. J'avoue, j'avais bien aimé "99 Francs". Alors oui c'était très prétentieux, mais le cynisme assumé et les traits d'humour avaient fait mouche (j'avais aussi apprécié par la suite l'adaptation cinéma).
J'ai beaucoup moins aimé "Au secours ! Pardon !", la suite de "99 Francs". Le cynisme qui paraissait naturel dans le premier épisode paraissait ici forcé, l'humour ne faisant plus mouche, et on avait l'impression que l'auteur avait voulu réitérer son succès précédent, mais sans résultat.
Donc j'attaque mon troisième roman de Beigbeder.
Celui-ci va se composer en deux partie qui vont se succéder l'une à l'autre alternativement au fil des pages.
• La partie la plus importante (en terme de volume) ou l'auteur va se souvenir et nous raconter l'histoire de sa famille, sa jeunesse jusque l'age de 15 ans
• La partie plus faible en volume ou l'auteur va nous conter sa garde à vue
Alors pour la partie souvenir, la première moitié du bouquin, on se tape l'histoire familiale depuis ses grands-parents, ce qu'ils ont fait pendant la guerre, comment ils se sont rencontrés, les convenances du moment dans le milieu bourgeois, puis on survole les parents, puis on passe au premier souvenir d'enfance, les relations entre Beigbeder et son grand frère qui était plus plus beau, plus fort...etc...et c'est d'un chiant, mais alors chiantissime. Ces histoires sont d'un banal, il n'y a rien de vraiment intéressant, et la relation entre les deux frères gamins ressemblent à toutes les relations entre frères.
Et pour tout arranger, c'est écrit pompeusement en essayant de faire de grandes phrases pseudo-philosophique.
On ressent un peu la même chose que quand vos voisins vous invitent à regarder les photos de leurs dernières vacances. On en arrive à se demander ou veut en venir l'auteur, et comment il a pu trouver pertinent de mettre cela dans un bouquin.
A partir de la moitié du livre, on passe au divorce de ses parents. C'est un peu plus rythmé, un peu moins pompeux, plus agréable à lire, mais l'intérêt reste toujours très très limité.
Alors oui, c'est pas facile quand tes parents divorcent, même quand tu vis dans un milieux aisé.
Mais là, l'ami Beigbeder se la joue carrément Cosette....et ça geint, ça se plaint, ça chouine.....Il aura quand même quelques moments de lucidité quant à la connerie qu'il est en train d'écrire en sortant de temps en temps un "mais nous n'étions bien entendu pas à plaindre" de bon aloi.
Et bien entendu, il mets sur le dos des traumatismes "terribles" de sa jeunesse la responsabilité de la connarditude qu'il a aujourd'hui. Heureusement, tous les enfants de divorcés ne deviennent pas des connard imbus de leur personne, nihiliste et arrogant.
On en vient à l'autre partie ou il nous conte son calvaire carcéral (garde à vue de 48H brrrr)
Donc Beigbeder se rend compte que d'être enfermé dans une cellule, ben en fait c'est pas drôle. D'un autre côté c'est pas fait pour cela.
Et ça part complètement en vrille. Il parle de honte de la France, que ce pays ne mérite plus le titre de pays des droits de l'homme. Des gens se font torturé dans les cellule Françaises par le simple fait d'y être enfermé, le juge qui a prolongé sa GAV est un sadique fasciste etc...
Là aussi, durant un ou deux éclairs de lucidité, il se rendra compte des connerie qu'il écrit en admettant que c'était très con de sniffer de la coke sur le capot d'une voiture et qu'il l'a un peu cherché.
Donc en gros, un livre ou Beigbeder, à côté d’anecdotes sans intérêt sur son enfance et l'histoire de sa famille, nous conte sa jeunesse traumatisante qu'il a eu parce que ses parents ont divorcé et ou il trouve là la cause de tous ses défauts actuels. Et ou il nous parle du calvaire carcéral proche de la torture qu'il a subit injustement pour avoir juste snifé de la drogue dans la rue. Agrémenté de phrase pompeuse ou l'auteur devait être persuadé de sortir de la punchline de la mort, et de pensées pseudo-philosophiques aussi profondes qu'une flaque d'eau un jour de soleil.
Le prix triste, c'est que ce roman a eu le prix Renaudot, le même prix qu'avait reçu "Voyage au bout de la Nuit". C'est triste.
Un livre à offrir à tous ceux que vous avez cessé d'aimer.