Plus dure sera la chute

Un roman envoûtant au titre anglais énigmatique et difficilement traduisible (The Sheltering Sky), lu à l'occasion d'un séjour au Maroc, pour mieux (pensais-je) parfaire mon immersion dans le pays.

L'une des forces de ce roman d'aventure et psychologique aux aspects autobiographiques tient dans la description fidèle d'un pays bien connu par son auteur qui résida à Tanger de 1947 jusqu'à son décès en 1999. Précurseur, l’Américain Paul Bowles incita alors certains de ses illustres compatriotes (Burroughs, Capote, Ginsberg, ...) à venir poser leurs valises au Maroc, pour des séjours de durées variables afin d’échapper, notamment, à une Amérique étouffante de puritanisme.

Malgré quelques longueurs et une ambiance globale "mystique" accordant une très grande place au désert du Sahara (personnage à lui seul) pouvant en dérouter certains, Un thé au Sahara est un roman intense, vestige d'une époque pas si éloignée que cela (le roman a été publié en 1949) mais posant le décor d'un monde "sans limites" où tout semblait possible, en opposition avec le cadre rassurant et normé des pays d'Europe de l'ouest et d'Amérique du nord.

Roman relativement méconnu (malgré une adaptation cinématographique en 1990 avec John Malkovich et Debra Winger qui semble quelque peu oubliée aujourd'hui), j'en recommande la lecture aux fans de voyages aux fortes "envies d'ailleurs".
Les fans du courant littéraire de la "génération perdue" (Fitzgerald et Hemingway en étant les représentants les plus connus) devraient également être séduits par ce roman, en raison du style d'écriture et des thèmes évoqués : le si caractéristique spleen chevillé au corps des personnages, partiellement et momentanément soigné via le recours aux paradis artificiels, la quête d'identité voire de liberté - ce faisant souvent au prix de la folie ou de la mort - ou encore l'incapacité à enrayer le délitement progressif et inexorable d'un couple.