Isolé, loin de la ville, le paradis est un domaine terrien où il fait bon vivre et représente tout pour Émilienne. Une vie rythmée par le labeur de la terre et par ses deux petits-enfants Blanche et Gabriel. Les années passent tranquillement jusqu’aux premiers émois de l’adolescence où Blanche découvre l’amour et la violence d’un tel sentiment, à travers Alexandre. L’adolescente est comme consumée par son amour pour Alexandre et le lecteur sait pertinemment comment tout ceci ne peut que finir.
Sans enrubanner l’histoire entre les adolescents, Cécile Coulon va droit au but. Directe, franche, l’autrice emmène son lecteur comme dans une pièce de théâtre aux accents tragiques. La douceur n’a pas lieu d’être dans un lieu comme le paradis. Les personnages sont malmenés, face à eux-mêmes. Il y a un peu de Franck Bouysse dedans, qui lui-même, retranscrivait parfaitement la vie de la campagne. Une campagne profonde, miséreuse et attachée à la terre. Subitement, tout s’affole et c’est là que le roman noir fait surface. Les dernières pages s’avalent et à la dernière tournée entre ses doigts, le lecteur reste sonné par le dénouement inattendu. Une bête au paradis n’est pas exempte de défauts pour autant. Le roman s’ouvre comme le parfait roman de terroir et l’ennui est clairement présent. Peut-être m’attendais-je à ressentir ce malaise annoncé, mais Il faut bien attendre une bonne moitié de lecture, pour commencer à voir la noirceur poindre véritablement.
Pour autant, Cécile Coulon est assurément une jeune autrice à suivre ! Une bête au paradis tient ses promesses. Celle d’un roman sombre, ambivalent où les sentiments peuvent amener un personnage à commettre l’horreur et à flirter avec la folie.
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