Dans une rue sombre du cœur de Paris, vivent une mère et sa fille. Un logement insalubre et une existence misérable. Au-dehors, le ballet des passants et son lot d’habitués, le matin dans un sens, le soir dans l’autre.
Et parmi eux, un homme d’environ quarante ans avec lequel Caroline Crochard échange un regard d’un instant deux fois par jour. Homme qu’elle finit par connaître et par aimer. Mais point de célébration nuptiale : monsieur Roger installe très confortablement sa demoiselle : un bel appartement dans un quartier cossu, de beaux habits… et deux beaux enfants. Un bonheur sans nuage si ce n’est que monsieur n’habite pas avec mademoiselle. Bien entendu, Caroline et le lecteur devinent rapidement le pourquoi du comment et Balzac ne nous fait pas languir longtemps en nous contant par le menu la première vie de Roger, comte de Grandville et haut magistrat.
Sur les conseils de son père, Grandville épousa Angélique Bontems. D’une condition sociale nettement inférieure mais infiniment plus riche : un titre pour la dame, des sous pour le monsieur. Un classique qui aurait pu parfaitement fonctionner (et d’ailleurs cela fonctionna durant quelques temps) si l’abbé Fontanon, ancien confesseur de la comtesse n’était subitement débarquant à Paris de sa Normandie natale. Aussitôt, l’abbé renoua avec son ancienne protégée et la réprimanda vertement : sa vie pourtant fort chaste n’était selon lui que pêché. Angélique mortifiée se laissa entrainer au fanatisme religieux de l’ecclésiastique et transforma rapidement la vie de son époux en enfer.
Ceci expliquant cela, le comte se retrouva avec deux familles : une femme exécrée et des enfants légitimes d’un côté, une femme adorée et deux autres enfants de l’autre. Bien entendu, l’abbé Fontanon découvrit le pot-aux-roses et se fit l’avocat du Diable en instruisant madame de l’existence de mademoiselle.
Un superbe roman (bien que secondaire) de cet écrivain de génie. Et une nouvelle réflexion sur le mariage dans la veine de la « Maison du chat qui pelote » résumée dans le dernier paragraphe du livre quand le comte insiste auprès de son aîné : « ne te marie pas à la légère mon fils ! » Balzac s’élève également contre les excès de la bigoterie et contre le fanatisme (et l’influence) de certains religieux.
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le 27 juin 2013

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