Étude en rouge par giainpe
Cette nouvelle est la première de la très longue série de Sherlock Holmes où notre détective criminologue et surtout indéfinissable en tous points rencontre le docteur Watson, fidèle compagnon depuis tant d'années!
Dès que vous commencer à lire les premières lignes vous avez un choc. Et celui-ci se confirme tout au long de la lecture et des nouvelles suivantes ! Ce choc provient de l'écriture. Je n'ai jamais vu une plume aussi travaillée quand aux choix des mots, un langage non pas soutenu mais soigné. Je n'ai lu pour l'instant la version française et non la version anglaise, mais je serais prêt à parier que la traduction fait bien ressentir (pour une des très rares fois) ce que l'auteur a écrit et surtout comment il l'a écrit. C'est donc un fait rare, quoique pour les années 1870 je ne suis pas sûr que cela soit rare n'ayant pas assez lu de livres de cette époque. Je tenais quand même à le noter car cela rend la lecture très agréable et je pense que nos écrivains contemporains devraient faire des efforts dans le style d'écriture afin de ne pas banaliser notre langue et l'appauvrir en utilisant (et usant) toujours des mêmes termes.
L'histoire nous plonge donc au cœur d'une nouvelle affaire où un corps est retrouvé mort dans une maison inhabitée et nous suivons nos deux compères. Je devrais plutôt dire, nous nous trainons derrière Sherlock Holmes et heureusement que le Docteur Watson nous accompagne, il ne comprend pas plus de choses que nous et donc pose nos propres questions au détective.
Nous nous surprenons parfois à douter des compétences de Sherlock, il dit avoir pratiquement tout trouvé à plusieurs reprises et ce bien avant la fin, mais nous n'avons guère de trace de ses découvertes et nous remettons ses facultés en doute simultanément avec notre « cher Watson ». En réalité nous nous identifions réellement au docteur (Who ?) et cela nous fait sentir aux côtés de ce très précieux Sherlock.
Il nous semble arriver à la fin de l'histoire et le dénouement nous semble proche quand tout à coup, une nouvelle histoire s'intercale. Vous avez alors une sensation de rejet, vous souhaitez connaître la suite de Sherlock, en quoi ce récit intermédiaire est-il utile ? Pourquoi l'auteur vous interrompt-il dans votre lecture ? Puis au bout de deux-trois pages, on s'habitue à ces nouveaux personnages, on commence à en vouloir d'avantage puis nous oublions complètement l'intrigue initiale... Quoique. Nous nous posons des questions : quel est le rapport entre les deux histoires, il y a-t-il un nom qui est pareil, j'ai loupé un nom, un indice ?
Mais on continue à lire jusqu'à... La fin du récit qui l'on s'en doute nous laisse voir la résolution de l'intrigue. C'est alors avec brio que Sherlock, non je ne vais pas en dire plus :P.
Une question reste en suspend, Sherlock est-il humble ? Attend-il vraiment aucune récompense ou tout du moins une reconnaissance publique pour les services rendus ? Tout ceci dans les prochains épisodes sans doute.
J'aimerais finir sur une touche qui m'a également surpris. Nous ne nous rendons pas compte que nous sommes en 1870, ou très peu avec par exemple la peine de mort pratiquée à l'époque. C'est pour cela que la transposition de l'excellente série britannique ne me choque guère après avoir lu les livres. Ou inversement, les livres ne semblent pas sortir réellement d'une autre époque. On parle certes de calèches, et de divers indices nous permettant d'indiquer que le récit nous parvient par delà les âges, mais en Sherlock ne prend pas une ride. À lire sans modération.