Le journal intime véridique d’une Berlinoise qui raconte la prise de la ville par les soviétiques en 1945.
[...] Une femme à Berlin est un témoignage exceptionnel, dramatique et accablant. Chaque page est saisissante.
Dans l’immeuble de Marta Hillers, la jeune femme qui aurait écrit ce journal, on observe froidement comment les groupes d’individus se reconstituent en temps de guerre. On décèle les rapports de force, les instants précieux de solidarité, les stratégies de survie et le viol des femmes, vécu comme une expérience aussi individuelle que collective. L’absence de haine envers ceux qui les humilient est édifiante, car comme elle le souligne, c’est en parlant avec eux et en apprenant à les connaître qu’elle a pu leur rendre leur humanité.
[...] En temps de guerre, le viol comme humiliation et punition est perçu comme un dommage collatéral légitimé, à tort, par les frustrations de la guerre. De fait, on en parle un peu dans ce contexte si particulier. Mais en temps de paix, dans notre société fondamentalement patriarcale et misogyne, le viol vécu de manière individuelle est couvert d’une épaisse couche de tabou, et en plus beaucoup d’hommes sont des violeurs qui s’ignorent ou qui feignent l’ignorance, tant la domination masculine est accablante et l’impunité institutionnalisée. Pour moi, Une femme à Berlin parvient à montrer qu’une femme ne se résume pas à son vagin, et que le viol est une atteinte physique, mais pas toujours morale.
Bref, Une femme à Berlin compte parmi les lectures les plus marquantes de ma vie.
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