Découvert un peu par hasard, le travail de Vivian Meyer est digne des plus grands. Les négatifs exhumés de vieux cartons poussiéreux par un jeune agent immobilier propulse le travail de cette photographe et nourrice discrète que fut Vivian.
Aujourd'hui reconnu, Vivian a pour autant était durant toute sa vie une femme en marge. Né dans une famille détruite par l'alcoolisme et les violentes d'un père, la jeune photographe a du très vite se débrouiller par elle-même et c'est ce qui rend cette femme fascinante. Alors que la grande mode photographique des années 50 étaient le gratin et la mode, la jeune femme choisie de photographier l'humain, la misère et la rue en se rendant invisible.
La femme qui descend du bateau au Havre ou à Cherbourg en tenant sa fille par sa main et entreprend un interminable périple en train jusqu'à Gap pour rejoindre la Champsaur a eu tout le temps de mesurer sa déroute. Le retour a le goût des défaites.
L'Autrice, Gaëlle Josse propose ainsi de revenir sur la femme et non l'artiste. Un parti-pris qui me semblait intéressant, moi qui ne connaissais pas du tout son travail ainsi que la femme elle-même et quoi de mieux que de comprendre la femme pour contempler le travail. Bien que les premiers tiers du roman étaient intéressants, je regrette le style qui se veut familier, parfois même intrusif. Au point qu'à la fin, j'ai eu comme une sensation de malaise à entrer autant dans l'intime de cette femme. Vivian Maier était une femme réservée qui ne cherchait pas la reconnaissance personnelle, seulement celle de son travail. Hors, aurait-elle aimé être autant mis en avant, ainsi que son histoire familiale aussi chaotique fut-elle, au détriment de son oeuvre ?
Je sors de cette lecture assez partagée. J'ai aimé découvrir l'artiste, sa démarche et son œuvre, mais fallait-il entrer autant dans sa vie personnelle, ne serait-ce que par respect pour elle. Le traitement n'était peut-être pas le bon.
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