Tout ça pour ça ?
Je n'ai pas réussi à aimer ce livre pour la simple raison que j'ai pratiquement détesté le personnage principal... Madeline n'est pas attachante, c'est un personnage paumé. Elle se laisse vivre. Les...
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le 1 déc. 2017
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Madeline est une adolescente (15 ans au moment des faits qu’elle relate) qui vit avec ses parents dans une cabane (c’est le terme par le lequel elle désigne l’habitation), dans un lieu nommé Loose River, au bord d’un lac non loin de Minneapolis et Saint Paul (qu’elle désigne par le terme Twin cities du fait de leur proximité), dans le Minnesota. Elle va au lycée, mais à la maison ou autour de chez elle, elle a du temps pour observer les lieux (avec des jumelles). De l’autre côté du lac, elle voit une famille s’installer : la mère, le père et leur jeune fils (5 ans). Cette situation dure quelques mois, à partir de l’hiver. Puis, elle va croiser la mère avec son fils : confrontation étrange (au moins dans la façon dont elle la raconte), car si elle apprend leurs prénoms : Patra (qui se révèlera être le diminutif de Cléopâtra) et Paul, en retour, elle leur annonce s’appeler Linda quand elle pense Mattie (page 43). De nombreux points sont à l’avenant, car on se demande régulièrement si Madeline dit la vérité ou si elle ment, si elle présente les choses à sa façon ou si elle ne réalise pas tout simplement avec le recul. Car elle annonce dès la première page le drame qui va la marquer et elle évoque de nombreux points des saisons qui ont précédé sa rencontre avec Patra et Paul. Suite à la première invitation de la mère, Mattie va servir plus ou moins de nounou au fils. Dans un premier temps, le père brille par son absence, ensuite son rôle et son influence sur le cours des événements reste un peu confus.
Madeline a donc un certain nombre de sujets qui la préoccupent ou qui l’ont préoccupée au fil des années, car elle écrit quelques années après sa rencontre avec Paul et sa mère, alors qu’elle a eu au moins deux expériences de cohabitation, d’abord avec une femme (sans qu’on puisse jamais savoir si c’était plus qu’une simple colocation), puis avec un homme avec qui elle partage son intimité. A l’époque du drame, elle ne semble pas obnubilée par des préoccupations sensuelles ou sentimentales. C’est juste une adolescente de la campagne, libre dans ses faits et gestes, même si au fil de la lecture, on peut se demander à quel point elle n’est pas un peu manipulée. On apprend surtout, mais tardivement, que sa mère fréquente l’église « Our lady » qui se fie à la parole d’une certaine Mary Baker Eddy, fondatrice bien-aimée qui a enseigné une philosophie bien particulière de la vie à ses disciples. Illustration par les paroles d’une de ses adeptes :
« Ce n’est pas ce qu’on fait, mais ce qu’on pense qui compte. Mary Baker Eddy dit que le paradis et l’enfer sont deux manières de penser. Il nous faut toucher cette vérité du doigt, prier pour comprendre que la mort est simplement la croyance erronée que toute chose puisse avoir une fin. Aucun de nous ne va disparaître, pas dans la réalité. Tout ce qui change, c’est notre façon de percevoir les choses. »
Le simple fait que Mattie soit en mesure de citer ce témoignage montre qu’il l’a marquée. A quel point, impossible de savoir précisément. Mais on l’imagine assez bien influencée par cet état d’esprit (celui d’une secte, probablement, car Mattie révèle à un moment avoir vécu un temps dans une sorte de communauté). Elle a donc baigné pendant son enfance dans un environnement où les discours pouvaient orienter vers un certain laisser-aller qui expliquerait son comportement assez attentiste voire passif. En même temps, les années passées ensuite à l’écart de sa mère (qui vit très isolée ensuite dans sa cabane dont Mattie apprend qu’elle s’est détériorée), ont appris à la jeune fille que cet état d’esprit n’est pas universellement partagé, et donc elle a pu développer une sorte de sentiment de culpabilité par rapport au drame vécu lors de son adolescence, ce qui expliquerait sa façon de présenter les choses de façon un peu floue (en même temps, ce sont des souvenirs).
Au chapitre des souvenirs, il faut ajouter une affaire qui obsède Matty, surtout au début, sans doute parce qu’elle fait face à un procès et qu’évoquer Mr. Grierson, un ancien prof, lui permet en tant que narratrice, de retarder le moment où elle parlera du procès pour lequel elle est appelée à témoigner, suite au drame qui est au centre de l’intrigue. Là aussi, sa façon de percevoir cet ancien professeur et tout ce qui a tourné autour de lui, laisse une impression bizarre, comme si elle n’arrivait pas à se faire une opinion tranchée.
Sinon, le roman est assez centré sur les perceptions de Mattie, fille de la campagne habituée à évoluer assez librement dans la région. N’oublions pas son âge au moment des faits. La nature est donc présente dans ce roman (pas autant que ce que j’espérais), même si je le qualifierais avant tout de roman psychologique (et ensuite de roman d’ambiance). Emily Fridlund propose une atmosphère vraiment particulière et un suspense de qualité, même si façon de laisser (volontairement) des zones d’ombre, finit surtout par apporter de la perplexité sur ses intentions réelles. Sa narration non linéaire des événements y contribue. Enfin, il est très peu question de loups, contrairement à ce que le titre pourrait laisser croire.
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Créée
le 19 mai 2020
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