J'ai toujours été nul en histoire, et j'ai voulu combler mes lacunes par cet énorme livre (1000 pages au format Kindle). Je l'ai commencé sans savoir si j'allais dépasser les 5 pages, et au final j'ai pris plaisir à le lire en entier, en 20 jours au total. C'a ma énormément apporté. J'ai pu rattraper le retard que j'avais sur ma culture, puisqu'en parlant des USA, ce livre parle plus généralement de l'histoire du monde depuis 1500, ç'a m'a permis d'avoir une compréhension beaucoup plus précise des grands évènements de l'histoire qu'on connaît tous sans jamais vraiment pouvoir les expliquer. Mais désormais, je peux.
Ce livre est délibérément orienté (Zinn le dit lui-même en intro et en post-scriptum), c'est-à-dire qu'il se place du point de vue du peuple comme l'indique son titre. Parfois, c'est un peu lourd parce qu'on nous rabache souvent "les méchants riches contre les paysans pauvres", mais qu'on le veuille ou non, ces siècles de domination sur le peuple et d'emprise économique sont un fait historique. Zinn a écrit ce livre avec la volonté de contrebalancer l'histoire orientée côté gouvernement prétendu héroïque, patriotique, démocratique, sauveur.
Je dois dire que ce pavé en contrepoint était on ne peut plus nécessaire. Si j'étais mauvais en histoire pendant le lycée, ce n'est pas parce que ça ne m'intéresse pas (je viens d'en lire 1000 pages), c'est sans doute parce que je n'arrivais pas à comprendre la logique des évènements, les causes à effet, et surtout l'expérience humaine de l'histoire.
C'est mon point principal : ce livre tente de partager une expérience humaine de l'histoire. Je veux dire par là qu'il foisonne de témoignages, de poèmes, de discours, de produits culturels qui expriment la volonté du peuple, le ressenti de personnes à une échelle très petite puisque individuelle de l'histoire, et c'est fondamental pour s'identifier et se projeter dans une époque.
Maintenant, comparons avec l'éducation au lycée.
J'ai appris des dates. Des repères historiques (c'est des dates avec des mots-clés comme "réformes protestantes). Aujourd'hui, j'ai oublié toutes les dates, et je me souviens de certains mots-clés, mais je suis évidemment incapable de les expliquer puisque je n'en ai pas compris la logique, je me suis pas immergé dans ce contexte, je ne l'ai pas vécu, même fictivement. Bref, la présentation était froide, impersonnelle, totalement dénuée de synthèse (Mr. Touzanne, Mr. Nicolas, spéciale dédicace) et hermétique à la compréhension et plus important, à la mémorisation à long terme de ces faits.
Peut-être que les cours magistraux ne sont pas pour tout le monde. Ou alors ils sont juste mauvais et devraient être refaits entièrement.
Bref, j'ai réalisé des choses importantes (on retient souvent les 6 millions de juifs tués lors de la seconde guerre, mais beaucoup plus de soviétiques ont été tués (9 millions en comptant les prisonniers de guerre) et ça je n'en avais pas le moindre souvenir. C'est passé à la trappe, comme le million de personnes mortes de l'offensive aérienne américaine (mais on préfère parler des 70-80.000 morts d'Hiroshima parce qu'une bombe atomique c'est plus choquant, sauf qu'un civil mort s'en fout pas mal d'être mort d'une bombe atomique ou d'un bombardement). Le manque de perspective et de contextualisation est sidérant dans l'éducation moderne.
Un autre exemple ? Mao. Il a tué plus de 50 millions de personnes, principalement par une famine provoquée, mais aussi des camps de concentration. Je n'ai même pas le souvenir de l'avoir étudié, alors qu'on passe des mois entiers sur le nazisme et le conflit France-Allemagne.
En tout cas ce livre est excellent.