Alec et Margaret sont à la tête d'une prospère exploitation agricole dans l'Iowa des années trente. Lorsqu'elle quitte l'Irlande pour s'installer chez eux, la jeune soeur de Margaret apporte avec elle sa fraîcheur et sa spontanéité, mais déclenche bientôt la tempête en glissant dans une relation adultère avec son beau-frère. Soucieuse de sauver avant tout et à tout prix les apparences, Margaret va enfermer le trio dans un huis-clos destructeur qui, jusqu'à la fin de leurs jours, fera de leur vie un enfer.
Wallace Stegner a laissé son imagination courir en pensant aux deux vieilles tantes lugubres de son épouse : quel drame peuvent bien cacher deux soeurs âgées et décharnées, vivant seules avec le fils de l’une ou de l’autre - nul ne sait -, qu’elles ont élevé ensemble ? L’histoire narrée ici déroule une trame implacable et cruelle, où un instant de faute adultère fait à jamais basculer trois existences dans un cauchemar dont seule la mort aura le dernier mot. L’atmosphère passe directement de la gaieté insouciante de la jeunesse à la désolation de vies irrémédiablement ravagées. Rongés par le poison du ressentiment, de la honte et de la culpabilité, les personnages se confinent dans un non-dit sclérosant qui les lyophilise peu à peu corps et âme.
En peu de pages, l’auteur parvient à suggérer les effroyables abîmes cachés derrière des existences ordinaires, la cruauté de comportements pourtant à la base exempts de méchanceté, l’ineffable tristesse de destins résignés au malheur par pur souci des apparences. La maîtrise de la narration, le rendu psychologique des personnages, l’impact et la profondeur du récit alliés à un style épuré et sans défaut, révèlent dès ce premier roman le maître de la littérature américaine qu’allait par la suite devenir Wallace Stegner.
Une journée d’automne est un petit bijou de lecture que l’on achève impressionné par la maestria de l’écrivain, et durablement hanté par le réalisme cruel de son histoire. Coup de coeur.
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