Une première version de La main encombrante a vu le jour en 2004. Le récit, d'environ 150 pages, a été ensuite adapté au sein de la série télévisée "Wallander." Henning Mankell a décidé alors de le reprendre et de l'enrichir pour une publication en 2013 en Suède. Il ne s'agit donc pas d'une "nouvelle" enquête de ce cher commissaire, cette version se situant chronologiquement juste avant L'homme inquiet. Et ce n'est pas le livre le plus palpitant de la série, on s'en doute, mais l'intrigue, relativement linéaire et même quelque peu bâclée, est loin d'être inintéressante. Wallander y est presque au bout du rouleau, usé et vaguement déprimé, quelque peu hanté par la peur de la mort, de la solitude et surtout de la décrépitude. Son caractère "humain", peut-être parce qu'il est décrit sans fioritures, est touchant, tout comme sa volonté de résoudre une enquête sur un crime qui a eu lieu plus de 60 ans auparavant. L'acharnement que met le policier à élucider l'affaire est avant tout une question de dignité comme s'il considérait comme un devoir de permettre aux victimes de ne plus être des anonymes dont personne ne s'est aperçu de la disparition. Et après, qu'importe l'identité du coupable et qu'il soit encore vivant après ces années, ou non. Mine de rien, dans ce polar bref, il y a un luxe de détails concernant l'avancement chaotique d'une enquête, un côté quasi documentaire, qui ne manque pas de sel. Cerise sur le hareng, si l'on ose dire, Mankell s'explique dans une courte et passionnante postface sur la genèse et les rapports qu'il entretient avec Wallander. Il confirme qu'il ne reviendra pas sur sa décision de ne plus écrire sur son personnage emblématique. En revanche, il laisse la porte ouverte pour la fille du commissaire. Espérons ...
Depuis la lecture de ce livre, Henning Mankell n'est malheureusement plus des nôtres. Tristesse.