Clairement, "Une poignée de seigle" ne fait pas partie de mes romans préférés d'Agatha Christie : même si la lecture reste assez plaisante, cette enquête de Miss Marple, laquelle arrive d'ailleurs très tard dans le récit, manque un peu d'originalité et de fraîcheur.
Cette histoire de famille qui se déchire dans un imposant manoir à la campagne, c'est un grand classique dans l'œuvre de la Reine du Crime. Le problème, c'est que tous les personnages étant antipathiques, on peine à ressentir de l'empathie pour l'un ou pour l'autre, surtout en l'absence de l'héroïne pendant une bonne moitié du roman.
D'autre part, on regrettera que l'humour so british de l'auteur soit pour une fois absent.
Dernier grief, le goût récurrent d'Agatha Christie pour les comptines de son enfance (les fameuses nursery rhymes) est ici poussé à son paroxysme, avec un impact direct sur l'intrigue qui paraît bien artificiel par moment.
Malgré toutes ces réserves, "Une poignée de seigle" rassemble aussi des qualités que l'on aime retrouver dans les polars de la romancière britannique, à commencer par un dénouement inattendu.
Le(s) coupable(s) est comme souvent celui (ou ceux) que l'on suspectait le moins.
On pourra certes trouver la résolution de l'intrigue quelque peu invraisemblable ou tirée par les cheveux, mais c'est souvent le propre du roman d'énigme.
On appréciera en outre la plume acérée d'Agatha Christie, qui derrière ses personnages vils et corrompus, dessine en creux une société anglaise des années 50 immorale voire déliquescente.