Un de ces livres que l'on ouvre en sachant bien qu'il va nous accompagner pour un temps, dans lequel on plongera lentement mais non sans délectation.
Vassili Axionov, lui, est un des ces auteurs suffisamment sûrs d'eux pour se permettre l'auto-dérision, des touches de folie et une complicité certaine avec le lecteur. Il faut dire qu'on ne pourra pas lui enlever la culture érudite dont il abreuve allègrement son roman. Au point de douter parfois que tant de ses personnages soient férus à ce point de poésie !
Et pourtant... ces touches d'humour mêlées de références historiques et littéraires donnent une force et une crédibilité incroyables à un récit qui reste accessible, et surtout divertissant.
C'est ainsi que l'on se glisse dans cette saga moscovite comme on se glisse sous la couette. Avec la certitude que ses personnages hauts en couleur ne nous lâcherons pas en cours de route (ou pas tous, et pas tout de suite) ; la fierté d'apprendre l'Histoire en se la laissant doucement conter ; le sourire en coin provoqué par le trait sarcastique de l'auteur ; et l'intense sérénité de la poésie qui parcourt le récit.
Vous l'aurez compris, je recommande chaudement de lire ce pavé au coin d'une cheminée.
[Edit]
Le deuxième tome m'a moins plu, je me suis lassée de la répétition de personnages presque similaires à une génération près, même s'il permet de comprendre quelques différences du vécu des ces deux/trois générations qui ont vécu sous le règne de Staline. J'avoue avoir dû me forcer pour arriver au bout de ce roman qui, en tout, fait donc 1000 pages et dont les dernières ne sont pas les plus intéressantes.