" Va et poste une sentinelle " est au cœur d'un débat : suite de " Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur " ou ébauche délaissée puis publiée ? Qu'importe où se trouve la vérité, le roman a bien du mal à subir la comparaison. Dans un premier temps, l'intrigue (et de ce fait l'intérêt de l'histoire contée) a du mal à se faire connaître, le roman s'étirant durant deux tiers de ses pages en un long épilogue. On y apprendra d'ailleurs entre deux phrases le sort réservé à Jem, personnage prédominant dans le premier livre qui est ici traité comme ayant peu d'importance. Quand enfin un soupçon d'intrigue se met en place
(découverte par Jean Louise du livre sur la distinction des races possédé par son père)
, l'histoire commence à peine qu'il faut déjà la terminer alors pas le temps d'approfondir l'intrigue, ni de la terminer correctement. Dans un deuxième temps, du coup, on peut se demander quel est l'enjeu de ce livre ? Pourquoi il a été écrit ? C'est finalement l'oncle de la protagoniste qui lui révèle et nous le révèle par le même temps.
La protagoniste est confrontée à des évènements qui vont lui permettre de gagner en maturité, de voir la réalité du monde et de se forger son opinion.
L'enjeu est assez louable mais comparé aux enjeux du premier roman, il fait pâle figure.
Dans un troisième temps, les personnages se caractérisent principalement par leurs défauts et, de ce fait, j'ai eu grande peine à les apprécier cette fois-ci : la froideur de Calpurnia, le conformisme de Henry, l'immaturité de Jean Louise, l'imperméabilité sa tante et surtout le côté " je sais mieux que toi " de son oncle et de son père qui se perdent dans des discours pompeux dégoulinant de savoirs et d'idées toute faites. D'ailleurs, son père lors d'un dialogue avec Jean Louise avance des arguments racistes pour soutenir sa position et même si Jean Louise met en oeuvre des arguments, ils ne contrent pas ceux de son père.
Son père avance que la population originaire d'Afrique est " arriérée " et aucune idée dans le roman ne sera présentée pour contrecarrer cet argument.
Dans le même temps, Henry et l'oncle de Jean Louise adoptent des attitudes et des paroles sexistes. Les personnages montrent finalement leurs plus mauvais côtés pratiquement à la fin du roman. Par conséquent, les dernières pages ne suffisent pas ni pour redorer leurs blasons, ni pour nuancer certaines opinions posées sur la table comme indéniables qui vont à l'encontre de celles véhiculées dans le premier roman.
On a quand même l'oncle de Jean Louise qui la frappe et son acte est présenté comme tout à fait justifié.
Je dirai que ce qui sauve ce roman c'est la nostalgie du premier roman qui s'immisce notamment lorsque des évènements du passé sont narrés et également certaines bonnes idées.
J'apprécie le discours d'Henry qui avoue se conformer pour tenter vainement de ne plus avoir cette image de péquenot qu'on lui colle.
Reconnaissons également que les mots sont souvent très justement employés.
" elle ne distinguait pas les couleurs " / " Tu es daltonienne "
En résumé, un roman très décevant comparé au premier trahissant même parfois ce dernier qui ne se rattrape que par le bon souvenir que l'on garde de " Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur ".