Première rencontre avec Jean-Baptiste Andrea en ce qui me concerne. Une rencontre qui aurait pu être concluante, l'auteur et moi ayant quelques affinités parmi lesquelles d'être tous deux nés à Saint-Germain-en-Laye et d'aimer et de connaître l'Italie. Toutefois, "Veiller sur elle", Prix Goncourt 2023, m'aura laissée de marbre.
Et de marbre, il en est justement question d'un bout à l'autre du récit puisque nous suivons "Mimo" Vitaliani, sculpteur de génie, tout au long de la première moitié du XXème siècle, en des temps troublés pour l'Europe comme pour l'Italie.
L'auteur mêle Histoire et fiction pour rendre vivant un parcours de vie atypique. Mimo est né pauvre, nain, et rien ne le destinait à une haute destinée. Or, sa rencontre dans l'enfance avec Viola Orsini, descendante d'une très plus illustres familles nobles du pays, lui permettra de sortir de sa condition et de vivre une existence intense.
L'amitié - ou l'amour platonique, c'est selon - qui unit Mimo et Viola les portera chacun et ensemble à travers épreuves et défis. Orsini, Ursini, ursin, ours... Viola est une ourse solitaire, elle qui, enfant, en a justement domestiqué une. Violente et passionnée, intelligente et visionnaire, solitaire et incomprise, elle symbolise une émancipation féminine malmenée et douloureuse. Mimo, lui, représente la fidélité, la raison, l'ambition, et ressent le besoin incessant de "veiller sur elle", Viola, sa muse.
Peut-être suis-je éprise de l'Italie et de ses chefs-d'œuvre depuis trop longtemps pour ne pas supporter aujourd'hui de ne pas m'émouvoir à la lecture d'un roman qui s'y déroule intégralement ? Pourtant, le fait est là, indiscutable : je n'ai absolument rien ressenti pendant ma lecture. Je ne me suis attachée à aucun personnage, bien au contraire. Je n'ai même pas eu la sensation de découvrir une nouvelle plume, le récit ayant pour moi des accents d'Elena Ferrante, de Romain Gary et de Dominique Fernandez, mêlés. J'ai échappé à l'ennui mais de très peu.
Il semble que l'amitié tienne une place prépondérante dans l'œuvre de l'auteur, c'est un sentiment noble et respectable qui mérite en effet qu'on écrive beaucoup sur lui, tant mieux donc s'il aura su toucher de nombreux lecteurs. Pour moi, c'est un rendez-vous mitigé, un état qui s'oppose catégoriquement à la définition même de l'amitié.