Ce livre m'aura longuement obsédé après sa lecture, aujourd'hui encore il me vient toujours à l'esprit non sans émotions.
Le style est remarquable. D'une grande sobriété, aucun effet, pas de posture, pas de lyrisme, très simple mais d'une beauté magistrale. Aucune description à rallonge, elles sont brèves, d'une précision redoutable et harmonieuse. Un vrai travail d'artisan des mots.
J'aime le thème du naufragé, condamné à la solitude totale.
J'aime cette nature et cette île, auxquelles Tournier donne une âme,
J'aime le fait que cela soit à l'échelle d'une vie, sorte d'épopée.
Et puis c'est aussi un roman philosophique (l'auteur étant professeur de philo), et les considérations qui sont déployées sur l'Autre, le temps, l'existence, etc. sont délicieuses, comme la confiture dans les fourrés à la fraise.
Ce que je trouve par dessus tout remarquable, c'est d'avoir réussi à donner autant de profondeur à des poncifs d'ordinaires si mièvres, consensuels et agaçants comme l'égalité entre les hommes, l'instinct destructeur de l'homme occidental, etc.
Justement tant pis si je sonne mièvre, mais on voyage, on rêve, on entend le bruit des vagues, on reste contemplatif....