Le passé trouble de l'auteur sous l'Occupation m'a détourné de son oeuvre ; néanmoins, passionné de Venise, je ne pouvais que finir par me tourner vers ce livre, afin de me confronter à une nouvelle vision personnelle de cette ville et de compléter la mosaïque de représentations dont elle fait l'objet.
Aussi le pluriel du titre invite-t-il à ce genre de logique ; et une suite de rêveries et fantasmes nous est bien livrée ici, tant les siennes pendant les trois premiers quarts du XXème siècle que ceux de ses contemporains ou de plus anciens. Morand décrit sa perception personnelle, parfois déformée par le souvenir et les propos rapportés par d'autres, comme Proust, Nietzsche ou Cocteau, notamment. Il y montre ce qui est remarquable, beaucoup plus prosaïque, et en constitue une sorte d'attirance-répulsion étonnante, d'autant que ce livre est condensé de manière synthétique en de cours fragments. Partiel, transfiguré, il reste intéressant.