Y'a pas à dire, il y a du style. Le texte est un fil tendu qui vibre au moindre souffle. Les personnages sont pour la grande majorité très bien construits, ils sont presque palpables et on cède parfois à l'empathie malgré nous. La situation des uns et des autres est souvent un patchwork des désillusions apportées par l'existence, qu'on arrive plus ou moins (souvent moins) à assumer et en arrière-plan, voire au premier, il y a une violence sourde qui gronde. Rien que du plausible donc. Cette atmosphère de décadence, ces couleurs ternies, ces têtes cabossées, cette génération étiolée... c'est très bien rendu.
Mais pour moi, toute cette qualité littéraire, indéniable, a du mal à s'épanouir, à trouver un écho dans la lectrice que je suis parce qu'elle ne s'appuie pas sur un scénario suffisamment consistant. Il y a trop de satellites, trop de parasites à l'intrigue : je me suis perdue entre tous ces personnages désabusés qui se détestent cordialement et dont l'existence ne tourne quasiment qu'autour du cul. J'ai trouvé que ça manquait de liant. De perspectives, d'enjeu. Pourtant il y en a, bien sûr, mais je n'ai pas trouvé leur présence suffisamment marquée pour apprécier cette galerie de portraits comme un ensemble unifié et donc plus évocateur, plus parlant, plus puissant. Dommage donc.
Cela dit, le roman m'a permis de découvrir l'écriture de Virginie Despentes, une écriture percutante qui vaut le détour. Tout n'est donc pas perdu :) Je tenterais bien un autre de ses textes.