Venon Subutex est une des bonnes surprises de ma fin d'été littéraire. Je venais de terminer "Peine perdue" d'Olivier Adam lorsque je l'ai commencé et il se trouve que les deux romans partagent un certain nombre de caractéristiques stylistiques et structurelles. Despentes nous fais voyager au sein de son bestiaire habituel d'actrices pornos, dealers, scénaristes ratés et autres squatteurs branchés avec une jubilation palpable et une belle acuité du regard: rarement la violence conjugale n'a été aussi bien mise en mots qu'a travers le récit subjectif qu'en fait un des personnages chez lequel atterrit le malheureux Vernon au hasard de ses déambulations. L'auteur tend la plume à son personnage dans une démarche assez troublante. Autre passage remarquable: la description de l'instant T ou l'on passe de "type sans attache qui déambule chez ses potes" à "Clochard", ce moment ou l'on tend la main pour la première fois, sans même s'en apercevoir et le brouillard qui s'empare de soi à ce moment là... troublant.
Vernon Subutex réussit également la prouesse d'être un livre rock sans musicien. L'univers discographique du personnage principal irrigue chaque chapitre et dresse le portrait d'un monde englouti: cette époque où il fallait économiser de l'argent pour acheter des disques... ce temps révolu ou tout cela était encore monétisable.