Un roman riche d'enseignements
Un roman sur les relations entre genre humain. Ça semble compliqué mais c’est très bien raconté et très enrichissant. La fin du livre est particulièrement poignante.
Par
le 16 juil. 2023
Je devais avoir trop d'attentse, sans doute ce pourquoi j'ai été déçue. J'ai malheureusement fait l'erreur de trop me projeter, de trop en savoir avoir d'avoir lu le livre....Ca arrive parfois !
Je trouve cependant qu'il s'agit d'un livre nécessaire et très beau.
Je découvre Blandine Rikel, et l'écriture. Je n'ai pas tout à fait pu apprécié le parallèle avec le loup mais je comprends... Mais pour moi c'est resté un parallèle, chacun de son côté et deux mondes qui ne se cotoye pas alors que j'aurais voulu les superposer, j'aurai voulu, dans ma chair, savoir à quel point le personnage du père et celui du loup se touche.
De ce livre, je garderai des émotions qui me sont chères, des mots, une façon de vivre avec, un exemple de eprsonnage qui a traversé ce que tant d'autres traversent...
Un parcours de vie, du faire avec.
Je garde en tête les mots de Jean Renoir (La règle du jeu) en début de première partie :
Ce qu'il y a de terrible, sur cette terre, c'est que tout le monde a ses raisons.
J'ai un immense coup de coeur pour la page 337 :
Dans combien de chambres entre-t-on dans une vie ? (à la ligne) Combien de personnes connaît-on jusque dans leur lit, dans leur plus secrète mémoire, depuis leurs pieds qui gèlent au fond d'une couverture, dans leurs maux de ventre et dans ce masque grotesque que dépose la douleur sur nos joues, combien de personnes connaît-on jusqu'à la moue qu'elles font au réveil et à la détente de leur visage sous la douche ? Combien de personne fréquente-t-on jusqu'à voir le temps passer sur leurs traits, les étirer, les durcir, jusqu'à voir les déceptions créer des rides inédites à leur front, au coin de leur yeux, les désirs fugaces éclairer leur regard ? Combien de personnes sait-on par le coeur, comme on se sait soi-même - ou mieux, sans doute, comme on ne sait que ceux qu'on aime? (à la ligne) Ceux qui répondent un nombre à deux chiffres mentent. Ou bien ce sont des immortels. Il faut du temps pour fabriquer des gens bizarres et que pour d'autres puissent les comprendre.
Nous n’étions pas heureux, nous étions intenses. p. 339
Et enfin, quelques extraits de la lettre de Lou à son père que j'aimerai garder en mémoire pour mon propre père, page 355 & 356 :
"Je me souviens de ce que j'éprouvais, jadis, à force d'être traitée comme une enfant capricieuse ; le sentiment d'impuissance et d'injustice fondamentale qui m'habitait. Je te voyais mentir, et Annie essayer de me protéger en te protégeant, je vous voyais tricher. Je décelais ta mauvaise foi. Celle qui, chez toi, m'aura rendue le plus malade. Mon corps a pris pour tout ce qui n'a jamais été bien formulé. J'ai été malade de ton refus de t'expliquer, de t'excuser. Malade de ton refus du langage et des deuils que tu as refusé de faire.
Toi qui sais pourant si bien raconter les histoires.
On sous-estime la vitesse à laquelle les enfants comprennent : tôt, j'avais commencé un carnet "Erreurs à ne pas reproduire avec mes propres enfants"; j'y listais tes mensonges. Maintenant que je suis certaine de n'avoir pas d'enfants, je mesure l'ironie du projet. Ta mauvaise foi a brisé mes élans. Combien de foi ai-je mordu un oreiller pour m'empêcher de hurler . Être traitée comme ça n'est pas normal. Tu n'étais pas ordinaire.
[...] Il y a des moments où tu ne t'appartenais plus : la fureur te manipulait comme un pantin, des moments où tu n'étais plus qu'une boule de rage. Combien de fois m'as-tu pris l'avant-bras pour le tordre en des sens contradictoires - la mai droite tournait la peau vers la droite, la main gauche à gauche -, comme ça, pour rien, pour me faire taire ? Pour assouvir ta soif d'autorité ? Tu m'en voulais d'avoir recraché mon noyau dans le bol de litchi au lieu de le faire dans le bol vide destiné aux noyaux, tu hurlais contre mon étourderie, contre mon inconséquence. Était-ce une raison pour me tordre le bras ainsi, pour me laisser en pleurs, la peau rouge, la poitrine serrée ? Je sais bien que ta fureur te dépassait, je sais que tu ne voulais pas me faire du mal. Je sais aussi que dans un coin de toi-même tu regrettes ces moments où tu ne t'appartenais plus. Je sais tout ça.
Mais toi, sais-tu que je le sais ?
Sais-tu mon empathie ? Et devines-tu ma peine quand vient la nuit ?"
Créée
le 17 oct. 2022
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