What was inside their minds ?
Istina est internée dans un hôpital psychiatrique. Elle nous décrit les autres patients, les activités, ses chutes…
Janet Frame, je l’ai découverte avec le biopic de Jane Campion Un ange à ma table. J’avais envie de découvrir cette auteur via ses poèmes et je la rencontre avec une fiction proche de ce qu’elle a vécu.
Istina est une jeune femme suffisamment lucide pour analyser le lieu et les patients de l’hôpital. Elle nous dépeint cet univers d’un regard tendre et compatissant. Grâce à elle, on se met à aimer certaines personnes,par exemple Lorna, une jeune femme cultivée, se retrouve internée. Istina ne parle jamais de sa maladie sauf à l’aide de métaphores dont la fameuse Faces in the water (voir ci-dessous dans les extraits).
La folie comme elle était "soignée" au début du XXe siècle par ECT (choc électrique) et dans les cas les plus extrêmes, l’opération fatale, la lobotomie. Istina a ce genre de traitement, la lobotomie est suggérée à la fin du livre mais elle réussira à l’éviter grâce à un médecin.
Istina nous raconte la difficulté de rester humain, de garder ses repères, de ne pas se laisser submerger par cette vague folle qui détruirait son cerveau. Elle est envoyée quelques fois chez elle mais elle n’arrive plus à s’intégrer et retombe dans un hôpital rapidement.
Janet Frame a un style imagée fait de métaphores filées. Une poétesse en même temps ne peut que nous servir avec un style magique, non ?
Je n’ai pu m’empêcher de penser à l’auteur qui a mis une grande part d’elle-même dans ce roman. En effet, Janet Frame a été internée sept ans et a été sauvée in extremis d’une lobotomie grâce à son écriture !
Une plongée dans un hôpital psychiatrique en compagnie d’Istina servie avec un style superbe !
Extraits :
‘For your own good’ is a persuasive argument that will eventually make man agree to his own destruction. (p.61)
Listening to her, one experienced a deep uneasiness as of having avoided an urgent responsability, like someone who, walking at night along the banks of a stream, catches a glimpse in the water of a white face or a moving limb and turns quickly away, refusing to help or to search for help. We all see the faces in the water. We smother our memory of them, even our belief in their reality, and become calm people of the world; or we can neither forget nor help them. Sometimes by a trick of circumstances or dream or a hostile neighbourhood of light we see our won face. (p.130-131)
What was inside their minds ? [...] Their minds were planets in their private sky and their behaviour gave little evidence of their real night and day and the pull of their secret tides; their heavenly collisions storms floods droughts and seasons of strength. (p.149)
It is always hard to believe that the will to change someone does not produce an immediate change. (p.175)
Janet Frame ~ Faces in the water, Virago (2009)