Et une pensée émergea du néant.
Pour apprécier "Warm bodies", premier essai de l'écrivain Isaac Marion, il faut prendre un peu sur soit et surtout accepter l'idée que les règles sont avant tout faites pour être transgressé. Ainsi, nous avons tous la même image du mort-vivant lambda: un amas de chair et d'os en putréfaction qui tien on ne sait comment debout et qui, dénué de la moindre conscience, ère à travers le monde à la recherche de chair humaine, uniquement motivé par son instinct.
Isaac Marion, lui, décide justement de narrer son histoire du point de vue d'un mort-vivant, partant du principe que chaque fois qu'il grignote la cervelle de quelqu'un, il absorbe du même coup un souvenir, une sensation appartenant au défunt. C'est ainsi que va arriver l'improbable. Une pensée va surgir du fin fond d'un être cliniquement mort.
Un point de départ pas plus débile qu'un autre (c'est pas plus con que le mythe du mort-vivant en lui-même si on y réfléchit bien), qui amène cependant son lot de situation casse-gueules, en premier lieu des dialogues qui auront un peu de mal à passer dans la tête des lecteurs.
Ce premier roman est donc un tantinet naïf et totalement improbable, tournant même plus d'une fois en rond mais étonne par sa poésie, par sa sensibilité, touchant même au sublime quand il s'attarde sur les pensées et les rêves de cet être d'exception qui ne rêvait que de vie, appartenant à un monde finalement plus vivant que les humains eux-mêmes, trop occupés à survivre pour encore espérer et rêver.
Vaincre la mort par l'amour, conserver l'espèce humaine grâce à l'espoir de lendemains meilleurs, c'est le message de cette fable certes extrêmement naïve mais touchante et originale.