Ce livre, c'est comme l'amour. Il faut y aller à petits coups au début pour bien en jouir plus tard

Je me souviens de ce jour dans ma vie banale d'étudiante de 14 ans. Je rentrais en cours de français, comme tous les jeudis après-midi. Cher Desproges, je ne vous connaissais pas encore mais je n'allais pas tarder à vous découvrir, ne me rendant alors pas du tout compte de l'importance que vous alliez avoir dans ma vie. "Aujourd'hui je vais vous parler de Pierre Desproges. Quelqu'un le connait? Personne...Bon. Vous allez devoir vous inspirer de son style pour écrire une chronique'' Consciencieuse et à l'affût d'une bonne note, je me suis lancée dans l'écriture laborieuse d'une chronique, cherchant à vous ressembler. Je me suis bien vite aperçue que ce n'était pas possible. Votre vocabulaire, votre cynisme, votre dénonciation de la société si justement, mais, j'en suis sûre, jamais méchamment traitée n'étaient pas à mon niveau. Je n'ai jamais rendu ce travail, j'ai fait semblant de l'avoir oublié mais en réalité je ne voulais juste pas le rendre. Je savais à l'avance que j'avais échoué, je ne pouvais pas imiter Pierre Desproges. J'ai passé 14 ans sans vous mais en 4 ans j'ai lu et écouté vos chroniques, dévoré « Vivons heureux en attendant la mort », je sais vous citer par coeur et je ne me prive pas de le faire dans bien des cas. J'ai vu une majorité de vos interviews sur youtube et lorsque je m'ennuie je saute sur l'occasion pour revoir, réentendre, relire une de vos magistrales performances. En 4 ans j'ai sûrement changé de goûts artistiques de nombreuses fois, comme toute adolescente qui évolue mais vous je n'ai jamais cessé de vous admirer car vous lire c'est ma manière à moi, et en exagérant, de vivre heureuse en attendant la mort.
Alors voilà, peut-être que dans dix ans je ne vous admirerai plus autant, sait-on jamais, mais en attendant vous faites quand même partie de ces célébrités qui ont influencé mon adolescence. Et c'est déjà beaucoup, alors merci Mr Desproges. Merci.