J'ai été happé par ce roman, par ses toutes premières pages décrivant l'absurdité de la guerre tout autant que celle de son narrateur.
Au fil d'un récit parfois décousu, on suit donc de Ferdinand Bardamu dans ses aventures, sur différentes rives de l'Océan Atlantique...
Il y a des passages véritablement géniaux (la guerre, évidemment, mais aussi l'Afrique, New York...) d'autres qui sont plus mous, quand les pièces du drame final se mettent en branle on peut s'ennuyer un peu - mais c'est à chaque fois pour retomber sur une de ces phrases dont Céline a le talent, qui nous interroge et nous font rire, nous dégoûte et nous fascine...
Céline est un écrivant à la réputation sulfureuse, c'est vrai, mais on ne ressent aucune trace d'antisémitisme dans son premier roman - pour sûr, si un personnage juif était apparu, il en aurait pris pour son grade exactement comme l'ensemble des personnages qui interviennent ici, riche ou pauvre, maître ou esclave, français ou étranger, homme ou femme. Il n'y a que de la misanthropie ici, et de la misère ; et paradoxalement, une certaine proximité avec ces petites gens qui finissent par nous les rendre affectueuses, même les plus odieuses - à commencer par Bardamu, dont les phrases nous rend chaque situation plus fortes à chaque fois.