Black Hole Sun
Je prend ma plume pour t'écrire à nouveau Ferdinand (http://www.senscritique.com/livre/Mort_a_credit/critique/11709471), entre nous, on peut pas laisser de non-dits. Tu m'as mis une belle claque au...
Par
le 24 juin 2014
123 j'aime
31
Ça partait mal quand j'ai lu, relu sa préface et ses toutes premières pages, au moins avec 4 ou 6 tentatives : les "je supprimerais tout" me faisaient l'effet d'une complaisance nauséabonde dans le meurtre des "Grands classiques" (bien propres, ceux-là) avec ses points de suspensions et d'exclamations à la pelle. Ça partait mal, ce voyage qui ne me paraissait rien moins qu'un crâne pied-de-nez à la grande littérature qui le précède. (EH BIM, Balzac, dans ta slfjhmsdjfejhblejhr)
Et puis, en y entrant tout-à-fait dans sa nuit, dans ses nuits qui s'en vont éteindre toujours quelque part, "par-ci, par-là", un lumignon d'espoir ou d'audace humaine, elles ont fini par m'avoir, et très vite, dans le long et scabreux pèlerinage, épluché de sa croyance toujours plus à mesure. Faut dire que le talent de sa plume rattrape vite le premier et mauvais effet : dès la première guerre, ses élans incisifs, bruts, géniaux faisaient transparaître ce que Céline a bien vu : ces canons remplis de mensonges, les valeurs rances, capitonnées des "costumes du passé" qui ne parviennent pas à lui masquer les caillots de moisi. Il n'effleure pas la réalité (il s'en méfie trop), il l'arrache et fait découvrir ses vers prolifiques, et la vérité puceuse, essentiellement organiques.
À ce constat, il ne donne néanmoins pas de réponse. À ce voyage, il retire l'attente de la destination : c'est une nuit qui ne finit pas, toujours martelée, qui existe de conserve (ah ! ce "Cassoulet à la Bordelaise" !) avec l'écriture. Aussi, poser la question à Céline lui-même, qu'en fera-t-il ?
"Ou l'artiste s'accommodera des ténèbres, ou il verra l'aurore."
C'est l'histoire qui nous répond.
À relire !
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 16 août 2015
Critique lue 547 fois
10 j'aime
2 commentaires
D'autres avis sur Voyage au bout de la nuit
Je prend ma plume pour t'écrire à nouveau Ferdinand (http://www.senscritique.com/livre/Mort_a_credit/critique/11709471), entre nous, on peut pas laisser de non-dits. Tu m'as mis une belle claque au...
Par
le 24 juin 2014
123 j'aime
31
Voyage au bout de la nuit, le premier roman de Louis-Ferdinand Céline, n’est pas une œuvre ordinaire. D’une part pour la qualité du récit et d’écriture. D’autre part pour les convictions et...
le 9 avr. 2015
100 j'aime
13
J’ai rencontré Céline par un hasard des plus fortuits. Comme ça. Un beau matin pas plus gris qu’un autre. Un jour comme y’en a pleins. Pourtant on se connaissait déjà tous deux, sans le savoir...
Par
le 17 nov. 2014
87 j'aime
21
Du même critique
"Amour, dit-il, embrasse-moi, embrasse mes lèvres, embrasse mes cheveux, mes doigts, ma qu***, mes c***, mes yeux, mon cerveau. Fais-moi oublier." On dit qu'il est décevant pour un film de Bukowski,...
Par
le 12 févr. 2015
10 j'aime
Et ce sera un Damasio tristement laissé en cours de chemin, que je ne reprendrai plus. D'abord enthousiasmée par l'écriture neuve, aérée, libre, -je me suis très vite habituée au format...
Par
le 22 juil. 2015
7 j'aime
Avec s'il vous plaît la trad. De PH. Jaccottet. Je maudis la distance entre vivre et dire, sentir et témoigner. Qui donc peut retrouver en ma singularité, avec ces blancs signaux, la stupeur de...
Par
le 30 sept. 2014
7 j'aime