Black Hole Sun
Je prend ma plume pour t'écrire à nouveau Ferdinand (http://www.senscritique.com/livre/Mort_a_credit/critique/11709471), entre nous, on peut pas laisser de non-dits. Tu m'as mis une belle claque au...
Par
le 24 juin 2014
122 j'aime
31
Il y a un avant, et un après Voyage au bout de la nuit. Une lecture honnête et sensible du roman de Céline ne peut pas laisser indifférent. La perception de la société, de l'homme, est durablement modifiée par la découverte du livre. Au début du roman, l'auteur entame cette couche d'être sociable, éclairé et civilisé qui constitue la cape du cigare humain. Au-fur et à mesure du roman, il attaque la couche inférieure, puis la tripe, pour ne laisser qu'une vague ossature, à l'équilibre fragile, vouée à retourner à la poussière dont elle est issue. Les restes de chair constituent crument le met fétiche des vers-de-terre. Sous nos yeux se déroule le délitement progressif et inéluctable de Bardamu, médecin de son état, et être pourtant inséré dans la dimension sociale des choses. Progressivement, à force de tailler dans les chairs, de réparer, d'écouter les maux réels et imaginaires de ses contemporains, le médecin va recouvrer une lucidité féroce et totale concernant la condition de l'être humain. Il perd d'abord cette distanciation toute médicale, puis cette capacité salvatrice au refoulement, et enfin toute possibilité de résilience. La dépression la plus sévère résulte de cette objectivité totale et sans concessions. Bientôt, il ne reste plus que le squelette de Bardamu, le squelette de la condition humaine, débarrassé de tous ses oripeaux sociaux et uniquement habillé de son immense inutilité et de sa totale fragilité. Attention, cet ouvrage mériterait le tampon "Explicit Lyrics" sur la première de couverture. Une alerte pour que les lecteurs potentiels traversant une petite crise de moins-bien remettent la découverte à plus tard. Le livre fait l'effet d'une dose d'acide sulfurique sur un matériel humain. Il fait fondre les couches, et place chacun face à son miroir de manière violente, sans concessions, brutalement. Le style superbe, épuré, clinique, y contribue. Génial, mais après cette lecture il est difficile de briguer toute promotion, de nourrir toute ambition, de se montrer optimiste et constructif, tant votre propre condition vous semble totalement vaine et les artefacts sociaux totalement artificiels.
Créée
le 26 oct. 2015
Critique lue 278 fois
D'autres avis sur Voyage au bout de la nuit
Je prend ma plume pour t'écrire à nouveau Ferdinand (http://www.senscritique.com/livre/Mort_a_credit/critique/11709471), entre nous, on peut pas laisser de non-dits. Tu m'as mis une belle claque au...
Par
le 24 juin 2014
122 j'aime
31
Voyage au bout de la nuit, le premier roman de Louis-Ferdinand Céline, n’est pas une œuvre ordinaire. D’une part pour la qualité du récit et d’écriture. D’autre part pour les convictions et...
le 9 avr. 2015
99 j'aime
13
J’ai rencontré Céline par un hasard des plus fortuits. Comme ça. Un beau matin pas plus gris qu’un autre. Un jour comme y’en a pleins. Pourtant on se connaissait déjà tous deux, sans le savoir...
Par
le 17 nov. 2014
87 j'aime
21
Du même critique
Vernon Subutex, c'est la fresque moderne sur une période de transition entre deux époques, deux mondes, deux sociétés. Le basculement entre l'époque où la boutique du disquaire était le pôle...
Par
le 4 nov. 2015
Il y a un avant, et un après Voyage au bout de la nuit. Une lecture honnête et sensible du roman de Céline ne peut pas laisser indifférent. La perception de la société, de l'homme, est durablement...
Par
le 26 oct. 2015
Si Raskolinov fait preuve d'une remarquable capacité à la préméditation et au meurtre, il n'est pas capable d'anticiper les affres dans lesquels les remugles acides de la conscience humaine peuvent...
Par
le 26 oct. 2015