Black Hole Sun
Je prend ma plume pour t'écrire à nouveau Ferdinand (http://www.senscritique.com/livre/Mort_a_credit/critique/11709471), entre nous, on peut pas laisser de non-dits. Tu m'as mis une belle claque au...
Par
le 24 juin 2014
122 j'aime
31
⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.
Oh ! Vous êtes donc tout à fait lâche, Ferdinand ! Vous êtes
répugnant comme un rat...
- Oui, tout à fait lâche, Lola, je refuse la guerre et tout ce qu'il y a dedans... Je ne la déplore pas moi... Je ne me résigne pas moi... Je
ne pleurniche pas dessus moi... Je la refuse tout net, avec tous les
hommes qu'elle contient, je ne veux rien avoir à faire avec eux, avec
elle. Seraient-ils neuf cent quatre-vingt-quinze millions et moi tout
seul, c'est eux qui ont tort, Lola, et c'est moi qui ai raison, parce
que je suis le seul à savoir ce que je veux : je ne veux plus mourir.
Enfin je l'ai eu le courage d'aborder ce qui est considéré, disons-le carrément, comme un des plus grands monuments de la littérature non seulement française mais aussi mondiale, j'ai mis le temps avant de me plonger dans ses 500 pages, beaucoup trop...
Louis-Ferdinand Céline est un type à la réputation très très sulfureuse, parce qu'il a dit tout plein de choses pas très gentilles sur les Juifs. Pourtant, son oeuvre est toujours là, bien en évidence dans les rayons des librairies. Et il n'est pas difficile de trouver des émissions et des documentaires sur lui. Et là, si à notre époque étouffant sous le politiquement correct, où on passe pour le chaînon manquant entre Adolf Hitler et Pol Pot si on ose critiquer une personne qui soit autre chose que blanc non juif ou Asiatique, on parle toujours de ses œuvres avec toujours autant d'admiration. Et si on parle toujours avec autant d'admiration de cette oeuvre c'est qu'elle doit sérieusement être exceptionnelle.
Le pire, c'est qu'on se demande comment le lendemain on trouvera assez
de forces pour continuer à faire ce qu'on a fait la veille ? Ou on
trouvera la force pour ces démarches imbéciles, ces milles projets qui
n'aboutissent à rien, ces tentatives pour sortir de l'accablante
nécessité, tentatives qui toujours avortent et toutes pour aller se
convaincre une fois de plus que le destin est insurmontable, qu'il
faut retomber en bas de la muraille chaque soir, sous l'angoisse de ce
lendemain toujours plus précaire, toujours plus sordide.
Et elle est exceptionnelle. Il y a un style Céline, qu'on reconnaîtrait parmi des milliards d'autres, un style puissant qui griffonne avec une vigueur, qui semble dirigée par le cynisme et le désespoir ou le cynisme du désespoir, qui montre la vie telle qu'elle est réellement, avec sa puanteur, sa crasse (parfois avec malgré tout quelques instants de grâce avec une prostituée au grand cœur ou encore un officier des colonies cachant bien sa générosité qui pointent leur nez dans un océan de merde !), qui arrache le lecteur qui ne peut que lire avidement, avec répulsion, mais toujours avec fascination, avec un langage volontairement vulgaire, mais en même temps incroyablement riche.
C'est une oeuvre exceptionnelle à laquelle je ne fais pas honneur en me contentant juste d'énumérer des banalités dessus. Je préfère laisser plutôt parler le génie de l'écrivain, au lieu de continuer (la description de New-York notamment est sans conteste un de mes moments littéraires les plus forts !)...
Pour une surprise, c'en fut une. À travers la brume, c'était tellement
étonnant ce qu'on découvrait soudain que nous nous refusâmes d'abord à
y croire et puis tout de même quand nous fûmes en plein devant les
choses, tout galérien qu'on était, on s'est mis à bien rigoler, en
voyant ça, droit devant nous... Figurez-vous qu'elle était debout leur
ville, absolument droite. New York c'est une ville debout. On en
avait déjà vu nous des villes bien sûr, et des belles encore, et des
ports et des fameux mêmes. Mais chez nous, n'est-ce pas, elles sont
couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles
s'allongent sur le paysage, elles attendent le voyageur, tandis que
celle-là l'Américaine, elle ne se pâmait pas, non, elle se tenait bien
raide, là, pas baisante du tout, raide à faire peur.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 20 janv. 2016
Critique lue 932 fois
24 j'aime
7 commentaires
D'autres avis sur Voyage au bout de la nuit
Je prend ma plume pour t'écrire à nouveau Ferdinand (http://www.senscritique.com/livre/Mort_a_credit/critique/11709471), entre nous, on peut pas laisser de non-dits. Tu m'as mis une belle claque au...
Par
le 24 juin 2014
122 j'aime
31
Voyage au bout de la nuit, le premier roman de Louis-Ferdinand Céline, n’est pas une œuvre ordinaire. D’une part pour la qualité du récit et d’écriture. D’autre part pour les convictions et...
le 9 avr. 2015
99 j'aime
13
J’ai rencontré Céline par un hasard des plus fortuits. Comme ça. Un beau matin pas plus gris qu’un autre. Un jour comme y’en a pleins. Pourtant on se connaissait déjà tous deux, sans le savoir...
Par
le 17 nov. 2014
87 j'aime
21
Du même critique
L'histoire du septième art est ponctuée de faits étranges, à l'instar de la production de ce film. Comment un studio, des producteurs ont pu se dire qu'aujourd'hui une telle œuvre ambitieuse avait la...
Par
le 18 janv. 2023
311 j'aime
22
Christopher Nolan est un putain d'excellent technicien (sachant admirablement s'entourer à ce niveau-là !). Il arrive à faire des images à tomber à la renverse, aussi bien par leur réalisme que par...
Par
le 20 juil. 2023
219 j'aime
29
Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise adaptation, il y en a des fidèles et d'autres qui s'éloignent plus ou moins du matériau d'origine. Et la qualité d'un film, issu d'une adaptation...
Par
le 1 juil. 2024
198 j'aime
42