Voilà un chouette roman qui se déplie petit à petit à mesure que tombent les protagonistes. Un roman choral au sens le plus large puisque Cédric Ferrand arrive à nous faire passer sa cité de Wastburg à travers les yeux de toutes les couches de sa population. Une chapitre par personnage, pas plus... Car comme l'annonce le titre c'est la cité l'héroïne, loin devant le moindre de ses sujets, aussi éphémères que fragiles, même les plus puissants. La cité avant tout, une trame scénaristique entièrement à son service.
Souvent juste et touchant avec ses personnages, toujours mordant pour la société, ce livre fort bien écrit se lit d'une traite mais par petits bons; sautillements de genres qui n'ont de désordonnés que l'apparence. Car l'histoire est tenue d'une main ferme et suit implacablement sa trame. Le fil, en ne transparaissant que fort tard, laisse pleinement le sentiment de découverte et de vagabondage au lecteur. Et c'est fort heureux !
Beaucoup de points positifs pour ce livre qui s'inscrit clairement dans un renouveau du genre fantastique (plus réaliste, plus sombre et beaucoup moins fantaisie) mais je reste un peu sur ma faim. Car si la fin se précipite pour des raisons scénaristiques évidentes, cela se fait au détriment de ce rendu réaliste peinturluré à coups de fange et de sang que l'auteur nous a proposé en début d'ouvrage. Pour le dire autrement: en délaissant le plein service à la cité pour provoquer la poudre d'un final tonitruant, j'ai eu comme le sentiment de scénettes en carton pâte jouées sur les places de cette cité bien tangible, elle, décrite dans les deux premiers tiers. Ainsi l'histoire, dévoilant ses dessous, est peut-être, au final, moins affriolante, moins consistante, que ses atours ne le laissaient augurer... Je tairai toutefois tout détail afin que mon ressenti personnel n'entrave en rien votre droit à un plaisir plein et indivisible de lecture.
A lire donc.